A l'ouverture de son procès pour escroquerie et faux témoignage, elle s'est avancée, pas décidé mais visage défait, sous l'œil de plusieurs victimes des attentats.
"Je viens aujourd'hui vous dire que je suis coupable", a-t-elle dit en pleurant. "Je viens vous en expliquer les raisons, je viens demander pardon".
"C'est la plus grande erreur et dérive de ma vie", a constaté la jeune Parisienne, qui a perdu son emploi en raison de cette affaire et s'enfonçait dans son mensonge depuis de longs mois.
Il lui est reproché d'avoir escroqué le Fonds de garantie des victimes de terrorisme et autres infractions pénales (FGTI) à hauteur de 20.000 euros, mais aussi l'Association française des victimes du terrorisme (AFVT), grâce à laquelle elle avait bénéficié d'un stage thérapeutique dans un hôtel en Normandie.
Le tribunal correctionnel de Paris rendra son jugement le 16 octobre.
Le soir du 13 novembre 2015, cette habituée du Carillon avait prévu d'y aller pour boire un verre, avant de changer de programme "à 20 minutes près". L'attentat le plus sanglant commis en France, qui avait ciblé des terrasses de cafés, la salle du Bataclan et le Stade de France, avait fait 130 morts.
Après l'attentat dans lequel elle a "perdu des connaissances" - selon elle deux victimes étrangères - a surgi une écrasante "culpabilité", a-t-elle assuré: "Est-ce que j'aurais pu les sauver ?"
Dans sa tête, le "+j'aurais dû y être+" était devenu "+j'y étais+".
Photos d'une cicatrice qui serait consécutive à un accident de kitesurf à l'appui, Alexandra D. avait assuré avoir été touchée au coude par une rafale de kalachnikov, racontant qu'un homme décédé lui était tombé dessus et que deux de ses amis avaient été tués.
Elle qui s'était fait tatouer la devise de Paris "Fluctuat nec mergitur" se prêtait volontiers à l'exercice de séances photos avec des médias, comme avec l'AFP, et aimait rencontrer les officiels lors des cérémonies d'hommage.
De nombreuses incohérences dans son récit, parmi lesquelles des déclarations contradictoires dans les médias, avaient conduit à l'ouverture d'une enquête.
"Cupidité"
"Dans mon mensonge, ma stupidité, ma douleur", "je suis rentrée dans une machine", "j'avais les deux pieds dedans", a-t-elle affirmé, décrivant la "bulle de protection" que représentait la principale association de victimes du 13-Novembre, Life for Paris.
Ne s'agirait-il pas davantage "d'une forme de cupidité basique" ? l'a interrogée la présidente.
- "Je n'ai jamais été dans une recherche pécuniaire".
Les 20.000 euros du FGTI lui ont servi pour payer son loyer et pour voyager "un peu".
Life for Paris comme le FGTI, parties civiles au côté de l'AFVT, ont au contraire pointé le "rapport à l'argent" d'Alexandra D., qui avait relancé dix fois le Fonds de garantie. Décrivant la "colère et le dégoût" des victimes, les associations ont demandé le remboursement des sommes escroquées.
"Ce dossier est marqué par la cupidité", a renchéri la procureur, demandant 18 mois ferme.
Tout en reconnaissant qu'Alexandra D. "aurait pu être une victime", la représentante de l'accusation a décrit "une menteuse invétérée" qui avait été jusqu'à prétendre avoir organisé les funérailles de deux morts.
"Cupidité" encore, selon la procureur, dans la vingtaine de plaintes, notamment pour vol, déposées par la prévenue ces dernières années. Alexandra D. a par ailleurs été condamnée l'an dernier à du sursis pour abus de confiance envers un ex-employeur et a fait appel.
"On est beaucoup plus dans une cavale psychique que dans une logique d'escroquerie", a au contraire soutenu son avocat, William Bourdon, estimant qu'elle est déjà "très lourdement punie".
L'affaire "a détruit ma vie", a expliqué Alexandra D., désormais menacée sur les réseaux sociaux grâce auxquels elle avait construit son mensonge.
Selon elle, son psychiatre se doutait avant ses aveux qu'elle ne disait pas la vérité.
Une quinzaine de personnes ont déjà été condamnées pour tentative d'escroquerie ou escroqueries liées aux attentats de 2015.
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