"La plupart des parlementaires qui sont candidats seront réélus", assure à l'AFP Sylvio Costa, le fondateur du site spécialisé Congresso em Foco, qui passe au crible l'actualité politique, à quelques jours des élections du 7 octobre.
Outre leur président, les Brésiliens sont appelés à élire aussi les députés, une partie des sénateurs, les gouverneurs et les assemblées législatives de chaque Etat.
"Et nombre de nouveaux (parlementaires) seront liés à des clans familiaux ou des groupes traditionnels. C'est quelque chose de très brésilien", ajoute M. Costa, en référence aux caciques régionaux et aux lobbys. Cet expert rappelle qu'environ un tiers des 513 députés et plus de la moitié des 81 sénateurs sont dans le collimateur de la justice.
A l'image des législatures précédentes, le futur Parlement sera très atomisé, avec plus de 30 formations politiques représentées. Parmi elles, les trois qui dominent la vie politique du Brésil depuis un quart de siècle.
Aux côtés du Parti des Travailleurs (PT, gauche) de l'ex-président incarcéré Luiz Inacio Lula da Silva, on devrait retrouver le MDB de l'actuel chef de l'Etat conservateur Michel Temer et le PSDB (centre droit) de l'ancien président Fernando Henrique Cardoso (1995-2002).
En 33 ans de démocratie, ces partis n'ont jamais réussi à obtenir une majorité absolue, ouvrant la voie à un "présidentialisme de coalition" qui oblige le chef de l'Etat à former des alliances contre nature en échange de faveurs, comme des ressources ou des postes au gouvernement.
Une dynamique qui a abouti en 2005 au scandale du "mensalao", un réseau d'achat de votes au Parlement pour soutenir les projets de l'ex-président Lula (2003-2010).
Une situation qui "ne change pas et c'est là le coeur du problème", explique à l'AFP le politologue Matias Spektor.
- "La bataille finale" -
Les procureurs de l'enquête sur le tentaculaire scandale de corruption "Lava Jato" (Lavage express), qui a éclaté en 2014 autour de l'attribution des marchés publics du groupe étatique pétrolier Petrobras, avaient pourtant appelé à sanctionner dans les urnes les élus et les formations impliqués.
Une bataille qui semble en passe d'être perdue, au vu du manque de renouvellement de la classe politique qui se profile, selon les experts.
Sur le terrain judiciaire, les choses n'ont pas beaucoup avancé non plus: quasiment aucun homme politique jouissant d'une immunité (parlementaires et ministres) n'a été condamné par la Cour suprême.
Néanmoins, certaines de ces affaires, qui ne pouvaient être jugées que par la Cour suprême, peuvent depuis le mois de mai être traitées par la justice ordinaire, plus rapide.
"Avant au Brésil, le risque d'une condamnation judiciaire (pour les parlementaires) était très bas. Aujourd'hui, il est beaucoup plus élevé", admet le fondateur de Congresso em Foco.
Signe que les alliances seront indispensables pour gouverner, la formation du favori des sondages, le candidat d'extrême droite Jair Bolsonaro, le Parti social libéral (PSL), ne compte actuellement que huit députés. Elle ne peut guère en espérer plus du double après le scrutin d'octobre.
Son probable adversaire au second tour Fernando Haddad, candidat à la place de Lula, devra lui, s'il est élu, affronter un fort sentiment anti-PT au Parlement, celui-là même qui a destitué en 2016 l'ex-présidente de gauche Dilma Rousseff.
Pour le politologue Thiago Vidal, quel que soit le président élu, c'est une "législature perturbée" qui s'annonce.
Le décalage entre la population et ses représentants est un autre problème majeur au Brésil. Pour Sylvio Costa, le manque de "représentativité" y est pour beaucoup.
Dans la première puissance économique d'Amérique latine, les femmes représentent plus de 50% de la population et les Noirs et les métis 54%. Mais au Parlement, elles ne sont que 10%, tandis qu'ils n'atteignent pas les 20%, rappelle M. Costa.
Le système politique brésilien choisit des "personnes dans un circuit très fermé: (ce sont) en général, des personnes riches et blanches".
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