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Collomb voulait démissionner, Macron oppose son veto présidentiel

Faux départ à la place Beauveau: le ministre de l'Intérieur Gérard Collomb a présenté lundi sa démission à effet immédiat à Emmanuel Macron. Mais celui-ci l'a refusée "pour mieux lui renouveler sa confiance" pour les mois à venir.

Collomb voulait démissionner, Macron oppose son veto présidentiel
Emmanuel Macron et Gérard Collomb à Rome le 26 juin 2018 - Alberto PIZZOLI [AFP/Archives]

"Face aux attaques dont le ministre fait l'objet depuis qu'il a confirmé qu'il serait candidat, le moment venu, à la mairie de Lyon, le président de la République lui a renouvelé sa confiance et lui a demandé de rester pleinement mobilisé sur sa mission pour la sécurité des Français", a indiqué l'Élysée à l'AFP, confirmant une information du Figaro.

Gérard Collomb avait annoncé le 18 septembre son départ du gouvernement après les élections européennes de mai 2019 pour se présenter l'année suivante aux élections municipales de Lyon.

Depuis, plusieurs voix s'étaient élevées pour réclamer la démission immédiate du ministre de l'Intérieur, 71 ans.

Lundi encore l'ex-eurodéputé écologiste Daniel Cohn-Bendit, soutien d'Emmanuel Macron, a estimé que M. Collomb avait "le droit à la retraite". "Qu'il quitte ce ministère, qu'il aille s'occuper de ses petits-enfants, des pâquerettes", a lancé l'écologiste en dénonçant également la "condescendance" du ministre de l'Intérieur vis-à-vis du président de la République.

Selon Le Figaro, Gérard Collomb, qui avait publiquement critiqué le manque d'humilité et d'écoute de l'exécutif, a remis sa démission au chef de l'État lundi en fin de journée.

M. Collomb a confié au quotidien qu'il ne souhaitait pas que Beauvau soit déstabilisé par une décision politique qui le concernait. A savoir le choix de se représenter à la mairie de Lyon, qu'il avait dirigée pendant 16 ans avant de d'être nommé en mai 2017 ministre de l'Intérieur.

Selon le Figaro, Matignon est suspecté de pousser la candidature du ministre du Budget Gérald Darmanin.

Le Premier ministre Édouard Philippe a été tenu informé de la volonté de démissionner à son retour d'un déplacement à Madrid, a-t-on appris de source gouvernementale.

Gérard Collomb "s'est exprimé auprès du Figaro" et "aura l'occasion de s'exprimer davantage prochainement", a commenté le ministère de l'Intérieur auprès de l'AFP.

Critiques en petit comité

Selon un familier du sommet de l'État, le scénario d'une éviction rapide de Gérard Collomb n'a pas été sérieusement envisagé par Emmanuel Macron et Édouard Philippe, moins d'un mois après la démission fracassante de Nicolas Hulot et le mini-remaniement qui s'en est suivi.

"Le Président de la République a été fâché. Mais il a serré les boulons et donc ça doit tenir", confiait cette source à l'AFP la semaine dernière.

Gérard Collomb est "un ministre à temps plein" et peut "rester en poste", a encore insisté le Premier ministre, Édouard Philippe lors de L'Émission politique jeudi dernier sur France 2.

M. Collomb avait pris tout le monde de court en annonçant son futur départ du gouvernement alors que l'exécutif était confronté à une rentrée difficile avec les démissions soudaines de Nicolas Hulot et Laura Flessel.

Habituel relais discipliné de la parole élyséenne, M. Collomb disait cultiver une relation "quasi filiale" avec M. Macron. Mais il avait surpris en pointant du doigt, le 6 septembre, sur RMC et BFMTV le "manque d'humilité" de l'exécutif.

Il avait également formulé en petit comité de nouvelles critiques à l'égard du président Macron et l'action du gouvernement, lors d'un déjeuner le même jour avec des journalistes au ministère.

"Nous ne sommes pas nombreux à pouvoir encore lui parler. Ceux qui parlent franchement à Macron sont ceux qui étaient là dès le début: Ferrand, Castaner, Griveaux et moi... D'ailleurs, il va finir par ne plus me supporter. Mais si tout le monde se prosterne devant lui, il finira par s'isoler, car par nature l'Élysée isole", avait-il glissé.

Le ministre avait également reproché au président de ne "pas être monté au créneau plus tôt" dans l'affaire Benalla qui avait empoisonné l'été d'Emmanuel Macron.

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