Il faut que "maintenant les règles soient respectées" et que "les accommodements avec les règles, parfois les corruptions, ne se reproduisent plus", a-t-il insisté lors d'un point presse à Baie orientale, avant de s'envoler pour Saint-Barthélémy.
D'une intensité sans précédent sur l'Atlantique, avec des vents de plus de 350 km/h, Irma avait fait 11 morts à Saint-Martin et endommagé 95% du bâti les 5 et 6 septembre 2017. Un an plus tard, seulement 35% des bâtiments détruits ou très dégradés ont été reconstruits.
Le chef de l'Etat, qui achève son déplacement de quatre jours aux Antilles avec une mobilisation pour relancer le tourisme dans l'île meurtrie, avait tancé samedi chefs d'entreprises, bailleurs sociaux et Collectivité de Saint-Martin, pour les rappeler à "leur responsabilité".
"L'Etat est là", a-t-il assuré dimanche. "La solidarité nationale" a été à "un niveau inédit pour une collectivité de cette taille parce que ce que Saint-Martin a vécu est inédit".
Saison touristique
"L'Etat continuera à être là et donc je compte sur chacun d'entre vous pour être au rendez-vous", avec une "même ambition" mais aussi une "exigence", a-t-il ajouté. "Cela suppose de tourner des pages, celle d'Irma, mais celle aussi du passé", a-t-il insisté, en plaidant pour "la transparence".
Il a assuré de son soutien Daniel Gibbs, le président de la collectivité depuis un an, qui "n'est pas le débiteur" des "gestions passées", et avec lequel il veut "bousculer les mauvais comportements".
"C'est maintenant" la première saison touristique "post-Irma", et l'Etat a donné "les outils" pour l'aborder, a noté M. Macron, alors que le secteur, seul moteur économique de l'île déjà bien malade avant Irma, a été durement touché par l'ouragan.
Saint-Martin mise sur une reprise partielle du tourisme pour la saison haute en décembre, avec environ 800 chambres (hôtels, chambres d'hôte, villas en location, etc.) opérationnelles, soit les deux tiers de ce qui existait avant le passage de l'ouragan.
Puis, en avril 2019, un comité "fera le point de l'avancement du chantier" de reconstruction. "Juste avant, la ministre reviendra pour voir les avancées sur le terrain et constater ce qui a fonctionné et ce qui n'a pas fonctionné."
Pour accélérer la reconstruction, le chef de l'Etat a demandé à "tous les bailleurs d'avoir réalisé les travaux d'ici le 31 décembre". Sinon "le préfet pourra enclencher une procédure pénale considérant qu'ils relèvent de la catégorie des marchands de sommeil".
Contrôles et sanctions
Les entreprises vont, elles, bénéficier d'une prolongation de mesures d'aides économiques mises en place après Irma, comme le moratoire sur les charges sociales.
Concernant la couverture des sinistres par les assurances, "une concertation sur la refonte des dispositifs de catastrophes naturelles en vue d'un système plus rapide, plus généreux mais aussi plus incitatif" sera organisée d'ici l'été 2019.
"La lutte contre la fraude, le blanchiment et la corruption seront renforcées", a aussi martelé Emmanuel Macron, en défendant le respect d'un "ordre public économique".
Il a dénoncé les pratiques de bailleurs qui parfois triplent le loyer des locataires car "ils sont quelques-uns à tenir l'île". Il faut "que les assurances (...) ne majorent pas les primes indûment"; ou que "les entreprises ne triplent pas, car c'est leur bon vouloir, le prix de la réparation d'un toit ou d'une fenêtre", a-t-il énuméré.
"Nous lancerons des contrôles, des sanctions seront prises, et la justice sera saisie chaque fois que nécessaire. C'est ce que nous vous devons", a-t-il lancé.
Concernant la gestion des risques naturels, l'Etat présentera les nouvelles cartes des risques tsunami, séisme et cyclone d'ici la fin de l'année. Pour l'ensemble des Outre mer, un "plan d'action spécifique pour les risques naturels sera traduit dans un projet de loi".
Tout au long de cette visite entamée en Guadeloupe et en Martinique, le président a multiplié les bains de foule, insistant sur sa volonté d'être "au contact" des Français après un été difficile. Une photo prise à Saint-Martin samedi soir avec deux jeunes, dont l'un faisait un doigt d'honneur, a suscité une polémique, que le chef de l'Etat s'est efforcé de dédramatiser dimanche.
Avant de rentrer à Paris lundi matin, Emmanuel Macron devait rencontrer à Saint-Barthélémy les élus et visiter le centre opérationnel de crise, censé faire face à tout nouvel ouragan. Il ne s'est finalement pas rendu sur la tombe de Johnny Hallyday, décédé le 5 décembre 2017 à 74 ans et enterré dans le petit cimetière marin de Lorient. "Le cœur de ce déplacement, c'était une visite de chantier après les ouragans", a-t-il justifié.
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