Jusqu'à 15H00 GMT, près de 3,1 millions d'électeurs sont attendus dans les trois provinces qui composent le Kurdistan, autonome depuis 1991 et forcé désormais de renégocier avec le pouvoir central à Bagdad qui a coupé court il y a un an à ses velléités d'indépendance.
Aujourd'hui, dit à l'AFP Hawraz Salar, 26 ans, avant de déposer son bulletin dans une urne d'une école d'Erbil, la capitale de la région autonome, il faut "ouvrir une nouvelle page".
Ce vote, ajoute-t-il, intervient "après les problèmes du référendum et de la guerre contre le groupe Etat islamique (EI)", qui a grévé les budgets de l'Etat central à Bagdad comme des autorités locales kurdes et plongé le nord de l'Irak dans le chaos durant trois ans.
En septembre 2017, les Kurdes avaient massivement voté pour la sécession, contre l'avis de Bagdad et de la communauté internationale. En rétorsion, le pouvoir central leur a repris les zones disputées et surtout, les revenus vitaux du pétrole.
"S'occuper des pauvres"
Le rêve d'un Etat en est mort. Erbil, qui a perdu sa mainmise sur l'exportation de 550.000 barils par jour, n'obtient plus désormais qu'environ 12% du budget fédéral --un milliard de dollars par mois.
Mais cela reste peu pour combler le déficit dans une économie basée sur la rente pétrolière et grevée par un fonctionnariat pléthorique.
A Souleimaniyeh, la deuxième ville du Kurdistan, Soran Rassoul, chômeur, avait lui aussi l'économie pour priorité. "Les futures autorités doivent s'occuper des gens et en particulier des plus pauvres", réclame-t-il.
Selon un récent rapport de l'ONU, 87% des foyers de la région autonome vivent avec moins de 850 dollars par mois.
D'autres toutefois, comme Karouan Abou Bakr, 42 ans, venu voter à Erbil en habit traditionnel kurde, votaient pour faire revivre l'enthousiasme du référendum porté par Massoud Barzani, qui a quitté la présidence du Kurdistan après cette consultation aux conséquences désastreuses.
"Etat kurde"
Il faut, dit Karouan Abou Bakr à l'AFP, "un Parlement fort afin qu'il travaille à former un Etat kurde et une société moderne et démocratique".
Les électeurs devront départager 673 candidats issus de 29 mouvements politiques qui s'affrontent pour les 111 sièges du Parlement local --dont 11 réservés aux minorités ethniques et religieuses turkmène, chrétienne et arménienne.
L'Assemblée actuelle est dominée, comme le gouvernement du Kurdistan d'Irak, par le Parti démocratique du Kurdistan (PDK) de M. Barzani (38 sièges), suivi de son rival historique l'Union patriotique du Kurdistan (UPK, 18 sièges), du défunt président irakien Jalal Talabani.
Le rapport de force qui se dessinera à l'issue du vote de dimanche sera examiné de près par les hommes politiques et les observateurs en Irak.
Car lundi, le Parlement fédéral à Bagdad élira le président de la République, un poste traditionnellement réservé à un Kurde, et jusqu'ici toujours attribué à l'UPK.
Cette année, pour la première fois, le PDK présente un candidat, Fouad Hussein, l'ancien directeur de cabinet de Massoud Barzani, face au candidat de l'UPK, l'ancien vice-Premier ministre à Bagdad et Premier ministre du Kurdistan Barham Saleh.
L'augmentation du nombre des députés du PDK que prédisent de nombreux experts pourraient donc peser sur la scène politique kurde.
Face au PDK et à l'UPK, Goran (changement, en kurde) est la principale force d'opposition avec 24 sièges, suivi de l'Union islamique (10 sièges) et de la Jamaa Islamiya (6 sièges).
La seule nouvelle force en présence est le mouvement "Nouvelle Génération", formé en 2018 et qui a remporté quatre sièges au Parlement central à Bagdad lors des législatives de mai en Irak.
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