"On est dans une détresse que vous n'imaginez même pas", lui a lancé une jeune femme brune, dans la foule qui était rassemblée sur la place de Goyave, petite commune à l'est de la Basse-Terre.
"Je l'imagine, c'est pour ça que je suis là. Je veux qu'on accompagne chacune et chacun", lui a répondu le chef de l'Etat, dans ce port de pêche, régulièrement touché par l'invasion de sargasses.
Paradoxalement, pas une algue sargasse n'était visible vendredi, un nettoyage préventif ayant eu lieu avant l'arrivée présidentielle, complété par le mauvais temps qui a évacué les dernières au large.
Ces algues, dont l'origine reste incertaine mais que des scientifiques pensent liée au dérèglement climatique, ont des conséquences notoires sur le tourisme et le quotidien des riverains. Elles s'amoncellent sur les rivages, bloquent parfois l'accès des bateaux, mais surtout dégagent, en séchant, de l'hydrogène sulfuré et de l'ammoniac, qui peuvent provoquer maux de tête, nausées et vomissements.
L'interlocutrice du président, "malade depuis le mois d'avril à cause des sargasses", "trouve que l'Etat n'a pas été assez transparent par rapport à l'impact sanitaire". "Depuis que je suis là, transparence et mobilisation ont été de mises", lui assure Emmanuel Macron.
Mais la jeune femme n'en démord pas: "quand les élèves à Christophe ont été déménagés, on nous a dit en dessous de 14 ppm (parties par millions, ndlr) il n'y a pas de problème, ensuite les taux ont baissé, 5 ppm, on nous parle aussi de 0,6,-0,7 ppm, il y a un flou (...) il faut un peu plus de pédagogie envers la population, et qu'on sache clairement quel risque on court", lui dit-elle.
Emmanuel Macron concède "qu'on ne sait pas encore tout". "Mais on sait que dans les 48 premières heures (après l'échouage des algues, ndlr), ce n'est pas dangereux, il n'y a pas d'émanation de gaz".
" en masses "
"La réponse qu'on a apportée c'est d'équiper toutes les communes pour qu'elles puissent ramasser les algues dans les 48h. On est en train d'acheter les machines, à Goyave c'est fait".
En présence du maire de la commune Ferdy Louisy, il a parcouru les nombreux engins acquis pour lutter contre les algues, comme ce Mobitrac, une barge de collecte dans laquelle il s'est assis.
Loïc Adimou, est en charge de cet engin: "De plus en plus, les sargasses rentrent en masse, et on est sollicité beaucoup sur les chantiers et c'est très difficile", a-t-il raconté à l'AFP.
Dans la foule, Bruno Compper, 51 ans, habitant de Goyave, souligne la nuisance des algues. "L'inconvénient majeur, c'est l'odeur, c'est-à-dire qu'à pratiquement 10 kilomètres d'ici (...), on sent déjà cette odeur qui pique vraiment le nez, à tel point que j'ai de la famille qui a dû déménager pour pouvoir éviter les risques."
Jocelyne Tharsis, 71 ans, autre habitante de la commune, avoue n'avoir "jamais connu ça". "Jai été élevée en Guadeloupe et je n'ai jamais connu cette affaire de sargasses, et puis tout à coup, on est envahi par ce phénomène et pourquoi, d'où ça vient?", s'interroge-t-elle.
Dans un discours en fin de journée, le chef de l'Etat, reconnaissant "l'angoisse" de la population, a confirmé le plan annoncé en juin par son ancien ministre de la Transition écologique Nicolas Hulot: "L'Etat s'est engagé à co-financer un plan d'équipement des territoires à hauteur de 4 à 5 millions d'euros sur 2018-2019 au sein d'un plan global d'équipement qui s'élèvera à 12 millions d'euros".
"Compte tenu de son caractère expérimental pour l'ensemble de la Caraïbe, l'Etat participera au fonctionnement des barges de collecte (sorte d'aspirateurs à sargasses, ndlr) en voie d'acquisition par la région Guadeloupe à hauteur de 500.000 euros par an pendant 3 ans", a-t-il ajouté.
Le plan comprend aussi le déploiement le d'observations satellitaires, de radars et de capteurs, pour mieux anticiper l'arrivée des algues.
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