Il s'agit de l'ultime étape de la visite d'Etat du président turc, qui tente de tourner la page de deux années de tension avec l'Allemagne.
Vendredi, il s'est entretenu avec Angela Merkel, avant d'être l'invité d'un banquet boudé par une partie de la classe politique allemande, dont la chancelière.
A Cologne, le très croyant dirigeant turc, doté de pouvoirs accrus depuis le début de son nouveau mandat en juillet, va inaugurer cette mosquée, financée par l'Union des affaires turco-islamiques (Ditib), étroitement liée au pouvoir turc.
Le chantier avait débuté en 2009 et, malgré de nombreuses oppositions et controverses locales, de premiers fidèles ont pu aller y prier dès 2017, avant l'inauguration officielle par M. Erdogan samedi.
Avec ses minarets de 55 mètres de haut et une grande coupole de 36 mètres, cet édifice de béton et de verre, censé incarner l'ouverture, selon son architecte, Paul Böhm, est une des plus imposantes mosquées d'Europe. Sa superficie atteint 4.500 m2.
Située dans le quartier d'Ehrenfeld, non loin de la tour de télévision de Cologne, elle est susceptible d'accueillir des milliers de fidèles. La police veut limiter l'accès samedi à 5.000 personnes mais Ditib en attend beaucoup plus.
Comme le banquet donné vendredi soir par le président Frank-Walter Steinmeier, l'inauguration sera boudée par une partie des dirigeants politiques du Land de Rhénanie du Nord-Westphalie, dont la maire de la ville, Henriette Recker, et le chef du gouvernement régional.
L'édile de Cologne reproche à Ditib l'opacité qui a entouré le déroulement du chantier, l'inauguration et le fonctionnement de la mosquée.
"Erdogan n'est pas le bienvenu"
Des élus accusent aussi cet organisme d'être un bras du régime de M. Erdogan car elle gère 900 lieux de cultes en Allemagne avec des imams venant de Turquie. L'organisation est aussi accusée par ses détracteurs d'espionner les opposants au président turc.
Les opposants à la mosquée, en particulier l'extrême droite, craignant un afflux de musulmans qui aurait fait de Cologne une réplique du "Londonistan", avaient intenté des recours contre la construction qui ont finalement échoué.
Après Berlin vendredi, où ont manifesté quelques milliers de Kurdes, M. Erdogan est attendu de pied ferme à Cologne: au moins deux manifestations, dont une sous le mot d'ordre "Erdogan n'est pas le bienvenu", sont prévues dans la cité rhénane.
Plusieurs milliers de policiers seront mobilisés pour ce que le chef de la police locale, Uwe Jacob, présente comme un des plus grands déploiements policiers dans l'histoire de la ville.
Avec cette visite d'Etat, la Turquie, minée par une crise économique aigüe et en froid avec les Etats-Unis de Donald Trump, tente un rapprochement avec l'Allemagne, où vivent 3 millions de personnes de nationalité ou d'origine turque.
Elle mise sur la coopération de Berlin pour relancer son économie, mais aussi lutter contre les proches du prédicateur Fethullah Gülen, accusé d'avoir fomenté le putsch manqué de juillet 2016.
Le gouvernement allemand, dont M. Erdogan dénonçait en 2017 les supposées "pratiques nazies", se montre ouvert à ce réchauffement, malgré les "différences profondes" qui subsistent, selon les termes de Mme Merkel.
Elle a ainsi rejeté la demande de classer comme "terroriste" l'organisation de M. Güllen qui vit en exil aux Etats-Unis et mis en avant les atteintes aux libertés en Turquie.
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