Le chef de l'Etat, qui arrivait tout juste de la Martinique balayée par une tempête et secouée par un tremblement de terre sans faire de dégâts importants, est venu "évoquer les préoccupations du quotidien" des Guadeloupéens. En l'occurrence, "la problématique de l'eau" et les sargasses.
Une grande majorité des Guadeloupéens n'ont pas d'eau tous les jours à cause d'un défaut d'entretien des canalisations - le réseau perd 60% de son rendement avant que l'eau n'arrive au robinet.
Pour pallier ce problème, des coupures sont organisées en "tour d'eau", un calendrier censé alimenter les communes en alternance et permettre aux habitants d'organiser leur vie en fonction de l'heure des coupures, qui durent de 12 à 24 heures.
"Je veux que dans notre pays sur tous les territoires l'accès à l'eau courante de qualité soit une réalité", a plaidé le président, constatant qu'"aujourd'hui ça n'est pas le cas". "Le problème remonte à très longtemps, et est lié à des insuffisances multiples", a-t-il regretté.
La population "doit accepter que quand l'eau est de qualité courante, elle doit à nouveau être payée", a-t-il notamment souligné, incriminant le "gaspillage" et les nombreux "impayés".
Un rapport d'audit du ministère de l'Environnement, publié en juillet, dénonçait les équipements obsolètes, la multiplicité des "propriétaires du réseau" et surtout, le flou autour des responsabilités de gestion.
En janvier, un plan d'urgence de l'Etat et des collectivités de 71 millions d'euros a été voté, pour aboutir à la fin des tours d'eau d'ici deux ans.
Engagement
Concernant les algues brunes aux émanations toxiques, dites sargasses, "redevenues une problématique extrêmement forte (...) pour la santé publique", il a assuré que "l'engagement du ramassage dans les 48 heures sera tenu".
En visite en juin sur l'île, l'ancien ministre de la Transition écologique Nicolas Hulot et la ministre des Outre-mer Annick Girardin avaient annoncé un plan de lutte de 10 millions d'euros sur deux ans, avec pour objectif de réduire, pour les prochaines saisons, le délai de ramassage à 48 heures après les échouages.
Le chef de l'État est attendu à Goyave (est de Basse-terre), pour voir comment se décline ce plan.
L'invasion des algues sur le littoral antillais, massif depuis 2011, est devenu particulièrement important cette année. Récemment, c'est le site de la porte d'Enfer, à Anse Bertrand, qui a été envahi sur plusieurs centaines de mètres.
Ces algues, dont l'origine reste incertaine mais que certains scientifiques pensent liée au dérèglement climatique, ont des conséquences notoires sur le tourisme et le quotidien des riverains. Elles s'amoncellent sur les rivages, salissent plages et ports, bloquent parfois l'accès des bateaux, mais surtout dégagent, en séchant, de l'hydrogène sulfuré et de l'ammoniac, qui peuvent provoquer maux de tête, nausées et vomissements.
Une plainte pour mise en danger d'autrui a été déposée jeudi à Paris par un collectif guadeloupéen pour dénoncer les "insuffisances criantes" de l'État.
En baisse dans les sondages de popularité, le président devrait en profiter une nouvelle fois pour aller au contact de la population et répondre à ceux qui l'interpellent sur ses réformes.
Le chef de l'État, contraint de modifier son programme jeudi en raison du passage de la tempête Kirk sur les Antilles, ne devrait rien changer à son agenda en Guadeloupe, placée en vigilance orange - notamment pour fortes pluies et vents violents -.
Depuis Fort-de-France, il a dénoncé à travers le chlordécone qui était utilisé dans les bananeraies de Martinique et Guadeloupe, "le fruit d'un aveuglement collectif", et profité d'une rencontre avec les Martiniquais pour affirmer avoir "dans le ventre l'impatience de 66 millions de Français".
Il terminera en fin de semaine son déplacement aux Antilles en revenant un an après l'ouragan Irma dans les deux îles sinistrées de Saint-Martin et Saint-Barthélemy.
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