Selon cette étude CSA, rendue publique jeudi, le taux de non-connexion au réseau est de 27% pour les plus de 60 ans, et monte à 59% pour les plus de 85 ans.
"L'exclusion numérique (...) met un nombre important de nos aînés encore plus en marge de la société et les isole davantage dans notre monde hyper connecté", "y compris pour les classes d'âge les plus jeunes comme les 60-69 ans, encore nombreux à être non-utilisateurs", soulignent les auteurs de l'étude.
Pour Armelle de Guibert, déléguée générale des Petits frères des pauvres, "il serait dommage que les pouvoirs publics pensent que pour cette génération-là, il n'y a plus rien à faire". Les seniors doivent être "accompagnés" pour pouvoir à leur tour utiliser internet, mais de manière "individuelle" et "pragmatique", a-t-elle dit à l'AFP.
"Si on leur dit +vous n'avez pas le choix, il faut vous y mettre+, et qu'on les inscrit de force à une formation, ça ne marchera pas", a expliqué Mme de Guibert. Aux personnes les plus réticentes, il faut "donner envie, qu'elles en voient l'intérêt", a-t-elle ajouté.
Car, à rebours des idées reçues, les seniors "qui s'y mettent" passent au final beaucoup de temps sur internet, et certains affirment même ne plus pouvoir s'en passer, relève l'étude.
"Internet, ça a changé mon quotidien (...) Quand l'ordinateur tombe en panne, je m'ennuie, je suis perdue", témoigne ainsi Jeanine, 90 ans, citée dans le rapport.
Gisèle, 86 ans, explique de son côté se connecter "dès le réveil", car elle "souffre de la solitude". "C'est une ouverture sur le monde. Les petits-enfants, ils ne téléphonent pas. Alors j'ai des nouvelles comme ça, par Internet, par Facebook", raconte l'octogénaire.
Les Petits frères des pauvres recommandent d'installer "un univers +web-friendly+ dans le quotidien des personnes âgées", par exemple en développant des connexions wi-fi dans les maisons de retraite, mais aussi d'encourager les seniors à devenir à leur tour "acteurs" de l'internet.
"On n'a pas encore beaucoup de seniors youtubeurs, ou auteurs de blogs", déplore Mme de Guibert. "Il faut les soutenir pour qu'ils prennent la parole. S'ils étaient plus visibles sur la Toile, on aurait peut-être une meilleure représentation de ce qu'ils sont, de leur besoins, ils pèseraient davantage dans le débat public", estime-t-elle.
L'association souligne cependant qu'il restera toujours des "irréductibles réfractaires" à internet. Leur choix doit être "respecté", et la société doit leur apporter un "accompagnement humain, pour ne pas créer d'inégalités dans l'accès aux droits" - notamment lors de la déclaration d'impôts.
Etude CSA: volet quantitatif réalisé par téléphone du 17 au 30 avril 2018, auprès de 1.503 personnes âgées de 60 ans et plus, déterminé suivant la méthode des quotas. Volet qualitatif: entretiens individuels d'une heure environ, réalisés en face-à-face, du 1er au 20 juin 2018, auprès de 11 personnes de 61 à 94 ans accompagnées par les petits frères des Pauvres).
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