Si l'Allemagne semble légèrement favorite, il s'agira quoi qu'il arrive d'une première: ce pays a organisé deux fois la Coupe du monde (la dernière en 2006), jamais l'Euro. La RFA a certes accueilli l'épreuve en 1988, mais c'était avant la réunification avec l'Est.
Quant à la Turquie, il s'agit là de sa 4e candidature. L'échec avait été cruel en 2010 quand la France l'avait devancée d'une seule voix pour l'organisation de l'Euro-2016.
Les membres du Comité exécutif de l'UEFA se prononcent à bulletins secrets jeudi en début d'après-midi et le nom de l'heureux élu sera annoncé vers 15h00 locales par le président slovène de l'instance, Aleksander Ceferin.
Sur les 19 membres du gouvernement du football européen, deux ne seront pas admis à voter, le président de la Fédération allemande, Reinhard Grindel et le vice-président de la Fédération turque, Servet Yardimci.
Frictions diplomatiques
Rivales pour accueillir le plus grand tournoi continental de football, l'Allemagne et la Turquie ont également connu des sujets de friction sur le plan diplomatique ces dernières années, du putsch manqué en 2016 contre le président turc Recep Tayyip Erdogan, qui a reproché à l'Allemagne la timidité de son soutien, aux arrestations de ressortissants allemands en Turquie, dont des journalistes.
M. Erdogan entame d'ailleurs ce même jeudi, juste avant l'annonce du choix de l'UEFA, une visite d'Etat en Allemagne pour tenter de réconcilier les deux pays, historiquement liés par la présence d'une forte communauté turque en Allemagne.
Or, la question de l'immigration divise actuellement ce pays. Elle est aussi à l'origine d'une polémique qui a éclaté trois semaines avant le Mondial russe: les internationaux allemands Mesut Özil et Ilkay Gündogan, tous deux d'origine turque, ont rencontré le président Erdogan et posé pour une photo avec lui.
Les deux joueurs ont fait face à de nombreuses critiques et Özil a annoncé après le Mondial qu'il quittait la Mannschaft, disant être victime de "racisme et d'un manque de respect".
Pour autant, l'UEFA, dans son rapport d'évaluation, a délivré un satisfecit à la candidature allemande, saluant une vision basée sur l'idée que "le football peut unifier la société" et un dossier de "très haute qualité".
Avec dix stades déjà construits, le pays sera de fait largement prêt à accueillir les 51 matches et 2,7 millions de spectateurs.
Droits de l'Homme
Si l'UEFA estime dans le même temps que les objectifs de la candidature turque "sont en adéquation avec les objectifs à long terme de l'UEFA", elle ne manque cependant pas de soulever la question des droits de l'Homme et de s'interroger sur la dégradation de la situation économique du pays.
La Turquie est "signataire de traités concernant les droits de l'Homme et les respecte", répond à l'AFP Servet Yardimci, pour qui "il est grand temps" pour la Turquie d'organiser l'Euro.
Mais d'après un expert proche de la confédération européenne, "pour 2024, l'UEFA ne veut prendre aucun risque et avec l'Allemagne il y a l'assurance que tout sera prêt à temps et fonctionnera parfaitement".
Pour ce spécialiste des droits TV qui a requis l'anonymat, "beaucoup de choses jouent en défaveur de la Turquie et les membres de l'UEFA vont probablement plus se prononcer contre la Turquie qu'en faveur de l'Allemagne".
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