Arrivé directement de l'assemblée générale de l'ONU à New-York, le président de la République a atterri mercredi soir à Fort-de-France (jeudi matin à Paris) où il se rend pour la première fois en tant que chef de l'Etat.
Emmanuel Macron était venu à Saint-Martin et Saint-Barth une semaine après l'ouragan Irma qui a fait 11 morts en septembre 2017 et causé des dégâts considérables dans les deux îles. Il s'était alors engagé auprès de la population à revenir un an plus tard.
Pour son 4e déplacement outre-mer depuis qu'il a été élu président, -après la Guyane, la Nouvelle-Calédonie, et son premier passage à Saint-Martin et Saint-Barth-, le chef de l'Etat est accompagné des ministres de la Santé Agnès Buzyn, des Outre-mer Annick Girardin, de la Transition Ecologique et Solidaire François de Rugy et son secrétaire d'Etat Sébastien Lecornu et du ministre de la Cohésion des Territoires Jacques Mézard.
Le chef de l'Etat devait rencontrer la population martiniquaise dès jeudi matin (après-midi à Paris), mais il a dû annuler sa déambulation dans le centre-ville de Fort-de-France, avec l'arrivée de la tempête tropicale Kirk et ses vents pouvant atteindre 110km/h en rafales, qui ont poussé les préfectures de Martinique et Guadeloupe à placer les deux territoires en vigilance orange cyclonique. Conséquences: les écoles et crèches sont fermées, les rassemblements de plein air interdits.
Principal temps fort de son séjour martiniquais, Emmanuel Macron doit aborder la question délicate de la pollution au chlordécone.
Il doit se rendre dans une exploitation agricole de Morne rouge (nord), à la rencontre d'un agriculteur concerné par la pollution de ses terres par cet insecticide cancérogène et perturbateur endocrinien.
Le produit a été interdit dès 1977 aux Etats-Unis, mais utilisé jusqu'en 1993 aux Antilles par les producteurs de bananes pour lutter contre le charançon du bananier.
scandale sanitaire
Depuis, il est toujours présent dans les sols où il peut persister environ 600 ans et se retrouver dans certaines denrées végétale ou animale et certains captages d'eau.
Selon l'agence Santé publique France, "plus de 90% de la population adulte" en Guadeloupe et Martinique est contaminée par le chlordécone.
Le produit est soupçonné notamment d'être responsable d'une explosion des cancers de la prostate aux Antilles. Selon André Cicoletta, toxicologue et président du Réseau Environnement Santé, "les Antilles sont champions du monde des cancers de la prostate", avec 227 cas pour 100.000 en Martinique et 184 en Guadeloupe, des taux deux fois plus élevés qu'en métropole.
Elus locaux et population dénoncent régulièrement ce scandale sanitaire qui a déjà fait l'objet de trois plans de prévention (le dernier court de 2014 à 2020). "C'est un aveuglement collectif d'une période où on était moins vigilant qu'aujourd'hui", sur l'usage de ces pesticides, "qui a conduit à une situation scandaleuse qui marque durablement le territoire", a reconnu l'Elysée.
Lors de la présentation de sa politique pour les territoires ultramarins, le 28 juin, Emmanuel Macron avait évoqué "les drames du passé et de nos responsabilités collectives", en citant le chlordécone. "Je serai clair pour dire que nous continuerons le travail avec lucidité et détermination car on ne peut accepter les situations dans lesquelles nous sommes".
Le chef de l'Etat doit aussi se rendre dans la ville de Saint-Pierre (4.000 habitants), ancienne capitale de la Martinique détruite par l'éruption de la Montagne Pelée le 8 mai 1902 (30.000 habitants, un seul survivant, un prisonnier enfermé dans une geôle). Sorte de "Pompéi des Caraïbes", la ville veut relancer son activité touristique et culturelle via le label "Ville d'Art et d'Histoire".
Après un passage au centre opérationnel zonal pour faire un point sur la tempête Kirk, Emmanuel Macron se fera présenter le projet gouvernemental "Coeur de ville" pour redynamiser le centre-ville de Fort-de-France.
Il poursuivra son déplacement vendredi en Guadeloupe, en abordant notamment l'alimentation difficile en eau potable et les algues sargasses.
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