Le Sénat devra ensuite, à une date restant à fixer, voter en séance plénière pour confirmer, ou non, le juge Kavanaugh.
Brett Kavanaugh, 53 ans, et l'universitaire Christine Blasey Ford, 51 ans, témoigneront tous les deux sous serment jeudi devant la commission judiciaire du Sénat, chargée d'évaluer les candidats à la Cour suprême.
La chercheuse en psychologie accuse le magistrat conservateur de l'avoir agressée sexuellement lors d'une soirée alcoolisée au début des années 80, quand ils étaient tous les deux lycéens. Brett Kavanaugh nie fermement.
Les républicains, qui comptent uniquement des hommes au sein de la commission sénatoriale, ont décidé mardi de déléguer l'interrogatoire de Mme Blasey Ford à une procureure spécialisée dans les affaires de violences sexuelles.
Il s'agit selon eux de "dépolitiser" l'audition afin d'éviter un nouveau "cirque politique et médiatique".
"Leur seul but est de trouver un paravent pour ne pas assumer leurs responsabilités" face à cette épreuve difficile, a toutefois critiqué Michael Bromwich, l'un des avocats de Mme Blasey Ford.
Depuis l'éclosion du mouvement #MeToo il y a un an, les Américains sont attentifs à la manière dont sont traitées les femmes se disant victimes de violences sexuelles. Malmener Mme Blasey Ford pourrait coûter cher aux sénateurs en termes d'image, à quelques semaines d'élections législatives à risque.
"Scandaleux"
Sans même attendre le résultat de l'audition, les républicains ont montré mardi leur détermination à aller de l'avant pour confirmer le juge Kavanaugh avant la reprise des audiences à la Cour suprême le 1er octobre. Ils ont annoncé que le vote en commission aurait lieu dès vendredi, à partir de 09H30 (13H30 GMT).
"Que les républicains prévoient un vote dès aujourd'hui (...), deux jours avant que Mme Blasey Ford ait pu témoigner, est scandaleux", a tempêté la sénatrice démocrate Dianne Feinstein, numéro deux de la commission judiciaire. "Il me semble évident que les républicains ne veulent pas d'une procédure juste".
Le chef de la majorité au Sénat, Mitch McConnell, s'était auparavant dit confiant que le juge Kavanaugh serait confirmé "dans un futur très proche". Les républicains y détiennent une courte majorité (51-49).
Un peu plus tôt, la Maison Blanche avait également espéré pouvoir passer prochainement à un vote du Sénat, seul habilité à donner le feu vert pour les postes de juge à vie à la Cour suprême.
"C'est injuste de continuer à faire traîner la procédure", a estimé la porte-parole de la présidence, Sarah Sanders.
Donald Trump a de son côté dénoncé le témoignage d'une seconde accusatrice de Brett Kavanaugh, jugeant que cette femme, sortie de l'ombre dimanche, n'avait "rien" pour étayer ses propos.
Deborah Ramirez, 53 ans, assure que Brett Kavanaugh a, lors d'une soirée arrosée à l'université de Yale dans les années 1980, sorti son sexe devant elle, si près qu'elle avait dû le toucher pour le repousser.
"Elle admet qu'elle était saoule, totalement confuse", "elle admet des trous de mémoire", a énuméré M. Trump pour minimiser la portée de ses accusations, qualifiées de "calomnies" par le juge Kavanaugh.
Rejeter la candidature du magistrat "à cause de ça" serait "une terrible insulte à notre pays", a ajouté le milliardaire républicain, en marge de l'Assemblée générale de l'ONU à New York. "On ne peut pas l'autoriser".
Une troisième femme ?
Selon Donald Trump, toute cette affaire est "un jeu de dupes" orchestré par les démocrates.
L'entrée de Brett Kavanaugh à la Cour suprême placerait les juges progressistes en minorité au sein de cette juridiction chargée de veiller à la constitutionnalité des lois, mais aussi de trancher les questions de société les plus épineuses, comme la régulation des armes à feu, le droit à l'avortement ou le mariage homosexuel.
Les démocrates se sont donc effectivement dressés contre le juge Kavanaugh dès sa nomination par le président Trump. Ils se sont ensuite saisis des accusations d'agressions sexuelles portées contre lui pour demander un report du vote de confirmation, ou un retrait du magistrat.
Une troisième femme pourrait bientôt apporter de l'eau à leur moulin.
Michael Avenatti --avocat de l'actrice de films pornographiques Stormy Daniels, engagée dans une bataille judiciaire avec Donald Trump-- assure qu'une de ses clientes a de nouvelles accusations à formuler contre Brett Kavanaugh.
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