Q: Les rescapés vont pouvoir débarquer à Malte, quelle est l'ambiance à bord?
R: On n'a pas encore annoncé la nouvelle aux passagers car nous-mêmes n'avons pas été informés officiellement! Nous n'avons pas envie de donner de fausses informations aux gens.
Tout passe par des déclarations politiques, dans les médias, chacun y va de son commentaire... Alors que les gens à bord sont considérés comme des pions qu'on accepte, qu'on refuse, c'est troublant, dans ce contexte abominable.
A bord l'ambiance est à la fois joyeuse car il y a beaucoup d'enfants qui jouent, courent... Mais en même temps on voit l'anxiété des adultes qui voient les orages arriver à répétition, les vagues se creuser et n'ont pas d'information. Pour eux, ça reste l'angoisse.
Nous avons à bord 37 personnes qui sont des familles libyennes, bien établies, qui avaient un métier, une situation, et n'auraient jamais pensé prendre le large avant, mais qui depuis les bombardements de fin août se sentent tellement en danger qu'elles se sont dit: +le seul espoir est de partir par la mer+.
C'est nouveau. Nous avions eu auparavant des cas de Libyens cherchant un accès aux soins, là ce sont des gens qui arrivent avec des sacs, une avait un chien! Le profil de ces naufragés est complètement différent.
Q: Comment va se passer le débarquement?
R: Nous sommes actuellement au sud de Malte, on se dirige vers le Nord, mais on n'a pas encore reçu d'instruction pour mettre cap sur Malte.
Si nous mettions le cap sur Malte on pourrait y être d'ici 4 à 6 heures, et on le souhaite parce que certaines personnes sont à bord depuis cinq jours, et ça commence à être très très long.
Selon le communiqué des autorités maltaises les personnes seront transférées dans les eaux internationales, avec un bateau qui viendra les chercher. Mais un transfert n'est pas rien, la situation météo se dégrade rapidement, nous sommes en train d'essuyer une tempête, des vagues se forment avec trois mètres de creux et ce n'est pas une situation idéale pour un transfert.
La bonne nouvelle est que ces personnes vont pouvoir désembarquer le plus rapidement possible.
L'Aquarius lui va continuer sa route et honnêtement il sera plus facile pour nous d'être à Marseille pour mener les démarches (le navire humanitaire risque de se retrouver sans pavillon dès qu'il touche une côte, le Panama ayant décidé de le retirer de ses registres, NDLR)
Q: Est-ce votre dernière mission?
R: J'ose espérer que ce n'est pas la dernière car on connaît les besoins. Aujourd'hui ceux-ci sont immenses, des gens perdent la vie de façon inutile. On est déterminés à retourner le plus rapidement possible en mer, et on va suivre les procédures administratives et techniques pour récupérer un pavillon si on perd le nôtre.
Hier matin, on n'a pu que retrouver les débris d'un bateau. Les autorités italiennes et libyennes ne nous ont pas informés. La politique actuelle est de cacher la misère en pensant que cela résoudra la crise, mais des vies se perdent, c'est révoltant.
En même temps on espère que l'Aquarius ne sera plus nécessaire et que les gens ne perdront plus leur vie. Mais pour le moment il est essentiel qu'on reparte en mer Méditerranée.
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