Après avoir maintenu le suspense pendant des semaines, l'ex-socialiste a officialisé sa décision au Centre de culture contemporaine de Barcelone, dans le centre historique de la deuxième ville d'Espagne où il est né il y a 56 ans.
"Après un temps de réflexion, sérieux, j'ai pris la décision suivante: je veux être le prochain maire de Barcelone", a-t-il dit en catalan. "Depuis ma naissance (...) ma relation avec Barcelone a été intime, constante".
Cette candidature à une élection municipale dans une grande métropole après une carrière politique de premier plan dans un autre pays est inédite en Europe. Tout citoyen de l'UE peut se présenter à des élections locales dans un autre pays que le sien au sein de l'Union depuis le traité de Maastricht.
Alors que les critiques se sont multipliées en France ces derniers jours, M. Valls a indiqué qu'il allait quitter son poste de député "dès la semaine prochaine".
Soutien de Ciudadanos
Depuis l'échec de ses ambitions présidentielles en France en 2017, Manuel Valls s'est engagé de l'autre côté des Pyrénées, multipliant meetings et manifestations contre les indépendantistes catalans qui ont tenté en octobre dernier de faire sécession de l'Espagne.
Mais le défi s'annonce de taille le 26 mai prochain pour succéder à l'actuelle maire de gauche, l'ancienne militante du droit au logement, Ada Colau, à la tête de la ville de 1,6 million d'habitants.
Elevé à Paris par un père catalan et une mère italo-suisse et naturalisé français à 20 ans, Manuel Valls a indiqué vouloir incarner une "Barcelone globale, ouverte sur le monde", qu'il oppose à la capitale d'une hypothétique république catalane souhaitée par les indépendantistes.
"La ville est plongée dans une dynamique perdante. Nous devons la freiner, nous devons changer de direction", a-t-il lancé.
Fort de son passé comme ministre de l'Intérieur, Valls a notamment insisté sur la lutte contre l'insécurité, préoccupation grandissante des Barcelonais.
Pour mener sa campagne, Valls a recruté un ex-directeur de communication du FC Barcelone, club dont il est supporter, et l'ancien bras droit du maire socialiste, Pasqual Maragall (1982-1997), symbole de l'entrée dans la modernité de la ville qui accueillit les jeux Olympiques en 1992.
Mais "ses chances d'être maire sont minces", estime le politologue de l'Université de Barcelone, Jordi Muñoz.
"C'est une candidature qui chamboule" le paysage politique, estime pour sa part Joaquim Coll, historien et analyste politique proche de Valls, qui juge son pari "risqué" mais pas "suicidaire".
S'il est assuré du soutien du parti libéral Ciudadanos, fer de lance de l'opposition à l'indépendantisme qui l'invitait depuis plusieurs mois à porter ses couleurs, Manuels Valls n'est pour l'heure pas parvenu à convaincre les deux autres partis anti-indépendantistes, le Parti socialiste à gauche et le Parti populaire à droite, de se rallier à sa candidature, souligne Muñoz.
Or, estime le politologue barcelonais Oriol Bartomeus, "la seule façon qu'il a de gagner" est de mettre sur pied une liste d'ouverture afin d'arriver en tête le 26 mai et de parier ensuite sur la division de ses adversaires.
Les élections municipales se font au scrutin proportionnel en Espagne, obligeant les partis à des tractations après le vote.
Une candidature qui divise
Figure clivante en France, Manuel Valls suscite aussi le rejet chez certains Barcelonais, en particulier dans le camp indépendantiste, qui ironise sur sa méconnaissance de la ville.
"Je ne sais pas ce qu'il vient faire ici. J'imagine que comme on n'en veut pas en France, il vient à Barcelone", réagit Laura Bozzo, retraitée arborant un ruban jaune en soutien aux séparatistes emprisonnés.
"C'est un candidat qui ne connaît pas Barcelone, qui n'est pas connu à Barcelone", a dénoncé l'ancien président catalan Carles Puigdemont dans un entretien à l'AFP de Bruxelles.
"C'est une personne qui a du prestige, avec une reconnaissance internationale et il peut améliorer l'image de Barcelone", estime en revanche David Centellas, employé de banque.
Le parti indépendantiste de centre droit PDECAT de M. Puigdemont devrait avoir pour tête de liste un autre ancien socialiste, l'historien Ferran Mascarell. Tout comme l'autre grand parti séparatiste, la Gauche républicaine de Catalogne (ERC), qui présente Ernest Maragall, frère de l'ancien maire, Pasqual Maragall.
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