Théo, âgé d'une vingtaine d'années, a été mis en examen le 31 juillet pour "abus de confiance, faux et usage de faux, escroquerie en bande organisée au préjudice d'un organisme chargé d'une mission de service public", a indiqué à l'AFP une source proche de l'enquête, confirmant une information du Parisien.
Il a été laissé libre, a ajouté cette source.
Lors d'un contrôle de police le 2 février 2017 à Aulnay-sous-Bois, Théo avait été grièvement blessé dans la zone anale par une matraque télescopique. Quatre policiers ont été mis en examen, dont l'un pour viol, dans cette affaire au retentissement national.
L'enquête sur les soupçons de détournements avait elle débuté en 2016, après un signalement de l'Inspection du travail, soit plusieurs mois avant cette interpellation controversée.
La justice soupçonne une vaste fraude portant sur des centaines de milliers d'euros d'aides publiques octroyées dans le cadre du dispositif des "emplois d'avenir", mis en place sous le gouvernement Hollande.
L'affaire implique une demi-douzaine d'associations se présentant comme des structures de médiation sportive pour les jeunes des quartiers, mais aussi des sociétés.
Au cœur de l'enquête, "Aulnay Events", une société gérée par le frère aîné de Théo, Mickaël Luhaka, qui a embauché une quarantaine de personnes et touché environ 640.000 euros d'aides publiques. Mickaël Luhaka avait déjà été mis en examen en juin, pour "escroquerie en bande organisée, blanchiment, faux et usage de faux, travail dissimulé".
Six personnes, dont Théo, Mickaël et un autre de leur frère, avaient été placées en garde à vue en juin. Plusieurs ont été mises en examen depuis, a indiqué la source proche de l'enquête, sans plus de précision.
Une mise en examen par "ricochet" ?
"Des sommes d'argent ont transité sur le compte" de Théo, a ajouté cette source. Selon elle, le jeune homme a perçu 50.000 euros environ.
Théo "n'était pas en cause dans la gestion de ces associations. C'est une mise en examen mécanique, par ricochet, du simple fait qu'il a touché des sommes", a de son côté déclaré son avocat, Antoine Vey. Ces sommes correspondent à "un travail effectif", a-t-il ajouté.
Lorsque la presse avait révélé, quelques semaines après l'interpellation de février 2017, l'existence d'une enquête pour escroquerie visant la famille Luhaka, celle-ci avait dénoncé une volonté de décrédibiliser son combat pour rendre "Justice pour Théo".
Cette procédure "n'a aucun lien avec les faits dont j'ai été victime", avait déclaré Théo à L'Obs en juin 2017.
Dans l'enquête sur les violences policières, des expertises sont toujours en cours dans le cadre de l'instruction ouverte à Bobigny. L'enjeu: déterminer si la matraque a été utilisée dans les règles et évaluer la gravité des séquelles de Théo. Si le jeune homme se voit reconnaître une infirmité permanente, l'affaire pourrait être jugée aux assises, même si la qualification de viol n'était pas retenue faute d'éléments prouvant l'intentionnalité du geste.
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