"Bolsonaro représente très bien nos idéaux conservateurs en matière familiale, nos principes chrétiens. Seigneur tout-puissant, rends-lui visite à l'hôpital et redonne-lui ses forces!", s'égosille le pasteur Alfeu Gebrin.
"Alléluia!", répond en coeur un parterre d'hommes, de femmes et d'enfants, à quelques jours du premier tour du scrutin du 7 octobre, tandis qu'au fond du temple, le drapeau vert et jaune du Brésil ondoie sur un écran LED géant.
A 63 ans, M. Bolsonaro, ancien capitaine de l'armée brésilienne, est crédité de 28% des intentions de vote, largement devant le candidat de gauche Fernando Haddad, à 16%, selon le dernier sondage de l'institut Datafolha.
Idolâtré par ses partisans qui le surnomment "le mythe", il est aussi détesté par de nombreux Brésiliens qui lui reprochent ses dérapages machistes, racistes et homophobes, ainsi que son admiration affichée de la dictature militaire au Brésil de 1964 à 1985.
De confession catholique, Jair Bolsonaro séduit 38% des électeurs évangéliques, contre 12% pour Fernando Haddad et 8% pour l'écologiste Marina Silva, elle-même évangélique, d'après la même étude.
Au Brésil, pays qui compte le plus de catholiques au monde, le nombre de fidèles de ce mouvement chrétien a bondi de 15 à 22% de la population entre 2000 et 2010, selon l'Institut brésilien de géographie et statistique (IBGE). Fin 2016, près d'un tiers des Brésiliens (29%) étaient évangéliques, d'après Datafolha.
Toujours hospitalisé, M. Bolsonaro a frôlé la mort le 6 septembre après avoir été poignardé à l'abdomen lors d'un bain de foule.
"Sa pensée est chrétienne: il défend la famille traditionnelle, est contre l'avortement et la (théorie) du genre. C'est un candidat honnête. Après toute la corruption de ces dernières années, c'est un facteur de poids", estime Ulisses de Almeida, fidèle de 40 ans et également pasteur de cette église.
"Notre candidat"
"Malgré toutes les polémiques" qui entourent Jair Bolsonaro, Maria Aparecida Santana, enseignante de 36 ans, qui dit avoir penché pour Lula par le passé, votera cette fois pour lui.
Toutes ces controverses sont "insignifiantes", par rapport à ses propositions pour améliorer la vie des familles et la sécurité, explique Mme Santana, sensible au slogan du candidat: "Le Brésil au-dessus de tout, Dieu au-dessus de tous".
La politique "est en train de gagner du terrain au sein de l'église", admet Josimar da Silva, président du Conseil des pasteurs évangéliques de Brasilia, qui réunit les représentants des cultes baptiste, presbytérien, pentecôtiste, comme l'Assemblée de Dieu, ou néo-pentecôtiste, à l'image de l'influente Eglise universelle du royaume de Dieu.
Avec 81 députés sur 513 et trois sénateurs sur 81, les mouvements évangéliques vont continuer à travailler pour maintenir "un groupe (au Parlement) fort et organisé, qui puisse freiner les actions contraires à l'église", explique-t-il, en référence aux initiatives pour légaliser l'avortement ou le mariage homosexuel, autorisé en 2014 par la Cour suprême.
Et les pasteurs n'hésitent pas à orienter le vote des fidèles.
"On me demande +Pasteur, pouvez-vous me donner une orientation?+. Je leur dis que le vote est secret. Mais si vous voulez une direction, la tendance parmi les leaders de l'église est celle-ci", confie M. Silva, qui appelle Jair Bolsonaro "notre candidat".
La poussée des évangéliques au Brésil coïncide avec le succès grandissant des conservatismes ici et ailleurs dans le monde, explique l'anthropologue Ronaldo Almeida, de l'Université de Campinas, à Sao Paulo.
"Ce qui arrive est en grande partie une réaction aux avancées dans le domaine des moeurs", ajoute-t-il, en référence aux débats sur le genre ou le mariage homosexuel.
Mais "en politique, les représentants évangéliques ne reflètent pas nécessairement au quotidien le discours de leurs troupes", fait valoir le sociologue Eurico Cursino.
Une diversité de points de vue qui se traduit dans les sondages: Jair Bolsonaro est le favori de plus d'un tiers des évangéliques, mais ils sont presque tout autant (35%) a assurer qu'ils ne voteraient jamais pour lui.
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