"Aujourd'hui, nous faisons la demande solennelle et officielle aux autorités françaises" de donner, "de manière humanitaire, l'autorisation de débarquer" les rescapés, parmi lesquels 17 femmes et 18 mineurs, a indiqué le directeur des opérations de SOS Méditerranée, Frédéric Penard.
Il est pour l'instant impossible de prévoir "quand le navire arrivera" sur les côtes françaises, a souligné M. Penard lors d'une conférence de presse à Paris, l'Aquarius étant "toujours susceptible d'être mobilisé" pour une opération de sauvetage.
Mais il faudrait "environ quatre jours" au navire, qui se trouve actuellement au large de la Libye, pour gagner Marseille, a précisé Francis Vallat, le président de l'ONG en France.
Depuis le début de la crise provoquée cet été par la fermeture des ports italiens aux migrants, la France n'a jamais accepté de laisser débarquer les navires humanitaires, arguant qu'en vertu du droit maritime les naufragés doivent être débarqués dans le "port sûr" le plus proche.
"Nous avons alerté d'autres pays mais nous avons du mal à imaginer que la France puisse refuser, compte tenu de la situation humanitaire", a ajouté M. Vallat. Sans préjuger de la réponse, il a assuré qu'à aucun moment les autorités, qui ont été prévenues en amont, "ne nous ont dissuadés de monter vers Marseille".
Pour SOS Méditerranée et Médecins sans frontières (MSF), qui ont affrété le navire, la situation est "extrêmement critique" puisque "nous risquons de perdre le pavillon du Panama au moment où nous toucherons terre", a fait valoir M. Penard. Regagner Marseille, port d'attache du navire et siège de SOS Méditerranée, est donc crucial pour "mener ce combat, qui va être difficile, pour repavilloner l'Aquarius".
"Du jamais vu"
Les autorités maritimes panaméennes ont annoncé samedi qu'elles allaient retirer son pavillon à l'Aquarius, déjà privé en août de pavillon par Gibraltar, pour "non-respect" des "procédures juridiques internationales" concernant le sauvetage de migrants en mer Méditerranée.
"Du jamais vu et en soi un scandale", selon M. Vallat, qui a demandé au Panama "de revenir sur sa décision" et sinon aux Etats européens de fournir un pavillon à l'Aquarius. "Nous ne voulons pas nous arrêter, nous ne cèderons qu'à la force ou à la contrainte", a-t-il lancé.
Les deux ONG avaient précédemment dénoncé "la pression économique et politique flagrante exercée par le gouvernement italien" sur les autorités panaméennes -- allégation contestée par le ministre italien de l'Intérieur Matteo Salvini.
Aujourd'hui "l'Aquarius est le seul navire civil en Méditerranée centrale, qui est la route maritime la plus mortelle du monde", a fait valoir SOS Méditerranée, avec "plus de 1.250 noyés" depuis le début de l'année.
Les autres navires humanitaires, qui étaient encore une dizaine il y a un peu plus d'un an au large de la Libye, ont quitté la zone pour des raisons diverses. Le Lifeline est bloqué à La Valette où les autorités ont ouvert une enquête administrative, tandis que le Iuventa, soupçonné de collusion avec des passeurs, a été saisi par les autorités italiennes en août 2017.
"Non seulement les Européens ne mettent pas en place de mécanisme de sauvetage pérenne, mais ils essaient de détruire la capacité de la société civile à répondre à cette crise en Méditerranée", s'est indignée AssiBa Hadj-Sahraoui de MSF.
Même si on est loin du pic des arrivées de 2015, la question migratoire divise encore profondément l'Europe, qui cherche à empêcher les départs clandestins.
En juin, l'Aquarius avait déjà été au cœur d'une crise diplomatique, après avoir récupéré 630 migrants au large de la Libye, débarqués en Espagne après le refus de l'Italie et de Malte de les accepter. Le scénario s'était répété en août pour 141 migrants débarqués à Malte.
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