Le magistrat conservateur de 53 ans, accusé d'une agression sexuelle remontant au début des années 1980, a été mis en cause dimanche par une seconde femme pour des faits censés s'être déroulés à l'université. Dans les deux cas, il nie vigoureusement.
A quelques semaines d'élections législatives à haut risque pour l'exécutif, ces témoignages pourraient faire dérailler la confirmation du juge Kavanaugh et infliger du même coup un sérieux camouflet au président Trump.
Mais pour l'instant, le milliardaire républicain s'accroche à son candidat.
"Je suis à fond avec lui", a déclaré le chef de l'Etat, en louant pour la énième fois les mérites du juge. "C'est un homme parfait avec un passé irréprochable", "un homme remarquable".
S'étonnant à nouveau que les témoignages n'aient fait surface que 35 ans après les faits présumés, Donald Trump a évoqué un complot contre son candidat.
"A mon avis, c'est totalement politique", a-t-il dit en arrivant au siège de l'ONU à New York, où se tient cette semaine l'Assemblée générale des Nations unies. Le juge Kavanaugh risque selon lui d'être victime d'une "grande injustice".
La veille, une ancienne connaissance du juge, Deborah Ramirez, 53 ans, a déclaré dans le magazine New Yorker que, lors d'une soirée arrosée à l'université de Yale, dans les années 1980, Brett Kavanaugh avait sorti son sexe devant elle, la contraignant à le toucher alors qu'elle le repoussait.
Cela "n'a pas eu lieu", a réagi l'accusé. "C'est du dénigrement pur et simple".
Mais ce témoignage tombe au plus mal.
Exercice délicat
Jeudi, la commission judiciaire du Sénat, chargée d'examiner les candidatures à la Cour suprême, doit auditionner publiquement le juge Kavanaugh et une universitaire de 51 ans, qui l'accuse d'une agression sexuelle remontant à leurs années de lycée.
Christine Blasey Ford, chercheuse en psychologie, affirme qu'au début des années 1980, le jeune Kavanaugh et un ami, "complètement ivres", l'ont isolée dans une chambre et que le futur juge l'a plaquée sur un lit avant d'essayer de la déshabiller. Profitant de leur ébriété, elle aurait réussi à fuir.
Après avoir tenté en vain d'obtenir une enquête du FBI, qui selon elle aurait pu étayer ses propos, elle a accepté dimanche de venir témoigner devant les sénateurs lors d'une audience retransmise en direct.
A l'approche d'élections législatives indécises, le 6 novembre, cette audition s'annonce comme un exercice délicat pour les républicains.
Dans le contexte du mouvement #MeToo, qui a sensibilisé le pays à la question des violences sexuelles, les parlementaires sont évidemment soucieux de ne pas s'aliéner l'électorat féminin.
Mais les républicains veulent aussi contenter leurs électeurs conservateurs, qui attendent l'entrée du juge Kavanaugh à la Cour suprême. Son arrivée placerait en effet les juges modérés ou libéraux en minorité au sein de l'institution, qui arbitre les questions de société les plus épineuses, comme le droit à l'avortement ou le contrôle des armes à feu.
Les démocrates de leur côté jouent la montre dans l'espoir de repousser la confirmation après le scrutin. Sitôt connu le second témoignage contre le magistrat, la sénatrice Dianne Feinstein a d'ailleurs demandé de suspendre le processus d'évaluation de sa candidature.
Conscients de l'enjeu, deux tiers des Américains disent suivre au moins d'un peu près les allégations visant le juge Kavanaugh, selon un sondage YouGov.
Et la saga pourrait se poursuivre. Michael Avenatti --l'avocat de l'actrice de films pornographiques Stormy Daniels, engagée dans une bataille judiciaire avec Donald Trump-- a publié sur Twitter un échange de mails dans lequel il promet à la commission judiciaire du Sénat de nouvelles preuves contre Brett Kavanaugh.
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