Les Assises de l'Orne jugent, du lundi 24 au mercredi 26 septembre 2018, une mère de famille aujourd'hui âgée de 51 ans pour la tentative d'assassinat de ses deux enfants à l'automne 2014 à Colonard-Corubert dans le Perche. Son garçon et sa fille étaient âgés à l'époque de 12 et de 6 ans. Elle avait mis des somnifères dans leur boisson, avant de tenter d'étouffer Kevin. Mais il s'était réveillé.
Le témoignage de Kevin
Le jeune homme, qui a aujourd'hui 16 ans, est lycéen et rêve de devenir professeur d'anglais. Il vit en famille d'accueil. Moment particulièrement intense au premier jour d'audience, lorsqu'il est venu témoigner de ce qui s'est passé. Un témoignage très impressionnant de maturité : je suis venu soutenir ma mère, lui dire que j'étais là et pour donner ma version des faits.
À 16 ans à la barre des assises
Kevin est comme n'importe quel ado de 16 ans : en survêtement, face au Président du tribunal, ses deux assesseurs, l'avocat général, les huit jurés, les deux greffières, les avocats, le public… Et sa mère. Je sais qu'elle n'était vraiment pas bien… Kevin cherche ses mots : je ne peux pas faire comme si de rien n'était, c'est clair qu'elle a commis une faute. Et il raconte la soirée d'anniversaire de ses 12 ans, dans le clic-clac, devant la télé.
Malaise au tribunal
Puis, trop de souvenirs, d'émotion. Kevin s'arrête net. Le jeune homme ne se sent pas bien. Une avocate va lui chercher une chaise. Il boit un verre d'eau… Il reste assis, mais il reprend : sa mère qui sert un sirop à la menthe aux deux enfants. Il ne le sait pas, mais elle a versé du somnifère dedans (du Théralène). Il s'endort… Et se réveille deux heures plus tard parce que le clic-clac bouge. "Ma mère est agenouillée entre moi et ma sœur, un coussin dans les mains… Ben, elle voulait nous étouffer", témoigne-t-il et il mime la scène. Il explique avoir enjambé l'accoudoir du clic-clac : j'ai sûrement pris peur, alors, j'ai pris le téléphone de ma mère pour appeler les flics, mais je ne l'ai pas fait, explique-t-il, partagé entre le constat qu'elle a voulu faire quelque chose de très grave… Et son amour pour sa mère.
Difficiles questions
Le président du tribunal interroge : vous avez pris un couteau pour vous défendre ? Kévin hésite, ne sait plus, explique avoir lutté au maximum pour ne pas se rendormir, de peur que sa mère ne revienne l'étouffer. Le lendemain matin, je l'ai prise dans mes bras. À ce moment-là vous avez compris quoi de ces événements, interroge le Président. Qu'elle voulait nous faire du mal. Vous tuer ? Je ne sais pas. La mère et les deux enfants resteront alors dans la maison, sans sortir, durant plusieurs jours. Les faits ne seront révélés que trois semaines plus tard lors d'un rendez-vous avec une travailleuse sociale qui assistait la famille.
Exceptionnelle maturité
Kevin réfléchit parfois, mais il est toujours précis dans ses affirmations. S'il ne se souvient plus de tel ou tel détail, il le dit. Il répond ainsi aux questions du tribunal pendant 1h15 très éprouvantes. "C'est une page qui va se tourner, je m'inquiète pour le verdict." Et il analyse : ma mère était dans un autre monde, prostrée dans sa cuisine, elle fumait beaucoup, elle ne disait rien. Elle était dépressive. Elle avait peur qu'on soit placés, elle voulait qu'on reste ensemble dans la mort. Avant de conclure : ce que je veux… il se reprend : ce que j'aimerais… c'est qu'on aide ma mère, parce que c'est la seule chose dont elle a besoin.
Réclusion criminelle à perpétuité
Moment de flottement dans le tribunal lorsque Kevin explique qu'il va régulièrement voir sa mère, cinq heures, toutes les semaines. Au moment des faits, la sœur de Kevin, plus jeune que lui, ne s'était pas réveillée sous l'action du somnifère. Le tribunal n'a donc pas estimé opportun de l'interroger puisqu'elle n'a rien vu de ce qui s'est passé. Le verdict des assises de l'Orne est attendu mercredi 26 septembre 2018 après-midi. La mère de Kevin, impassible pendant le témoignage de son fils, encourt la réclusion criminelle à perpétuité.
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