Deborah Ramirez, 53 ans, a déclaré dans le New Yorker dimanche que Brett Kavanaugh, lors d'une soirée arrosée à l'université de Yale dans les années 80, a sorti son sexe devant elle, la contraignant à le toucher alors qu'elle le repoussait, ce que le juge a vigoureusement démenti.
"Ce prétendu événement datant d'il y a 35 ans n'a pas eu lieu. Les gens qui me connaissaient alors savent que cela ne s'est pas produit et l'ont dit. Ceci est du dénigrement pur et simple", a-t-il écrit dans un communiqué publié par le journal.
L'accusation portée par Mme Ramirez survient à quatre jours du témoignage public, attendu jeudi, de Christine Blasey Ford qui accuse déjà d'agression sexuelle le juge Kavanaugh.
Républicains et démocrates ont chacun cherché dimanche à garder la main avant cette étape cruciale : après des jours de négociations et de bras de fer entre les républicains de la commission judiciaire du Sénat et les avocats de Christine Blasey Ford, un accord a été scellé dimanche sur la date et l'heure de l'audition publique.
"Malgré les menaces actuelles pour sa sécurité et sa vie, le Dr Ford croit qu'il est important pour les sénateurs de l'entendre directement", ont indiqué les conseils de Christine Blasey Ford, cités par des médias.
Bien qu'ayant initialement demandé à être entendue après son agresseur présumé, Mme Blasey Ford a finalement accepté d'être auditionnée la première, jeudi à 10H00 (14H00 GMT).
A quelques semaines des élections de mi-mandat, que les démocrates souhaitent transformer en référendum anti-Trump, l'enjeu de ces auditions est double.
Les témoignages de Christine Blasey Ford et de Brett Kavanaugh pourraient ainsi, in fine, peser sur le scrutin, mais aussi sur la désignation du magistrat à la Cour suprême, qui ferait basculer à droite la plus haute juridiction américaine.
"Histoire crédible"
Dans son témoignage initialement paru dans le Washington Post, Christine Blasey Ford avait expliqué que Brett Kavanaugh et un ami, "complètement ivres", l'avaient coincée dans une chambre, plaquée sur un lit et avait cherché à la déshabiller, avant qu'elle ne parvienne à s'enfuir.
L'agression se serait déroulée au début des années 80, lors d'une soirée arrosée entre lycéens dans la banlieue de Washington. Elle était âgée de 15 ans, lui en avait 17.
Des accusations vigoureusement démenties par Brett Kavanaugh, qui a accepté d'être entendu lui aussi par le Sénat.
- Influence sur les mid-terms ? -
La question du calendrier du vote pour la confirmation de la nomination du juge Kavanaugh fait l'objet de tractations tendues, avec les élections de mi-mandat dans le viseur.
Les républicains pourraient perdre leur majorité au Congrès et risqueraient alors d'avoir des difficultés à faire confirmer le candidat de M. Trump pour la Cour suprême. L'objectif est donc de voter avant le 6 novembre.
Les démocrates, eux, soutiennent le souhait de Mme Blasey Ford d'être entendue par le FBI, ce qui retarderait le processus de confirmation.
Dans une lettre adressée dimanche à Donald Trump, le chef de file des démocrates au Sénat, Chuck Schumer, et celle des démocrates à la commission judiciaire, Dianne Feinstein, ont demandé au président d'ordonner au FBI l'ouverture d'une enquête sur l'agression présumée de Christine Blasey Ford.
Ils ont souhaité que les conclusions de cette enquête puissent être communiquées aux sénateurs avant les auditions, comme cela avait été le cas en 1991 lorsque le juge Clarence Thomas, candidat de George Bush à la Cour suprême, avait été accusé de harcèlement sexuel par une ancienne collègue.
Donald Trump s'est jusqu'ici opposé à l'intervention du FBI dans ce dossier.
Dimanche, les républicains membres de la commission judiciaire, qui la contrôlent, ont contre-attaqué en révélant avoir déjà mené leur propre enquête sur l'affaire. Dans un communiqué, ils citent les noms de trois personnes qui auraient été présentes lors de l'agression, selon Mme Blasey Ford.
Contactés par les sénateurs républicains, tous ont affirmé n'avoir aucun souvenir non seulement des faits, mais aussi de la soirée en elle-même. Ils soulignent que l'ancienne camarade de classe de Mme Blasey Ford qui avait posté mercredi sur Facebook un message affirmant que l'incident avait bien eu lieu, même si elle n'était pas présente, s'est depuis rétractée.
Jeudi, elle a déclaré à la radio publique NPR n'avoir "aucune idée" si l'agression avait bien eu lieu ou non.
"Tout ce que je sais du juge Kavanaugh va à l'encontre de ces allégations. Je veux écouter le Dr Ford. Je me sens désolé pour elle. Je pense qu'on l'utilise", a dénoncé M. Graham, dans une accusation à peine voilée contre les démocrates.
D'abord sur la réserve, Donald Trump est venu à la rescousse de son candidat vendredi, mettant en doute la véracité des accusations de Mme Blasey Ford, s'en prenant à son silence de plus de trente ans.
"Si les attaques avaient été aussi graves que ce que dit le Dr Ford, il y aurait eu une plainte d'elle ou de ses parents", a tweeté le président.
Tollé immense outre-atlantique, où des milliers de personnes, rassemblées derrière la bannière #WhyIDidntReport sur Twitter ("Pourquoi je n'ai pas porté plainte"), se présentant comme victimes d'agression sexuelle, ont expliqué les raisons de leur silence.
Les accusations contre le juge Kavanaugh pèseront-elles sur les résultats des "mid-terms"?
Avec l'éclosion du mouvement #MeToo, le record de femmes se présentant cette année aux élections de mi-mandat, cette affaire a un écho particulier.
Deux tiers des Américains disent suivre au moins d'un peu près ces allégations selon le sondage YouGov.
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