Faisant fi des multiples mises en garde des économistes et des entreprises, l'administration Trump impose depuis 04H01 GMT des taxes punitives de 10% sur 200 milliards de dollars d'importations en provenance de Chine.
Pékin devait rétorquer dans le même temps avec l'imposition de nouveaux droits de douane punitifs de 5 ou 10% sur des biens américains représentant 60 milliards de dollars d'importations annuelles en Chine.
Donald Trump intime depuis des mois son partenaire chinois de mettre fin à des pratiques commerciales qu'il juge déloyales. Il déplore en particulier qu'en contrepartie d'un accès au marché chinois, les entreprises américaines soient contraintes de partager avec des partenaires locaux une partie de leur savoir-faire technologique, ce qu'il assimile à du "vol" de propriété intellectuelle.
"La guerre commerciale menée par la Chine contre les Etats-Unis dure depuis des années", a estimé dimanche Mike Pompeo, secrétaire d'Etat sur la chaîne Fox News. "Si on veut appeler ça une guerre commerciale, nous sommes déterminés à la gagner", "nous allons la gagner", a-t-il martelé.
Il a promis d'obtenir de la Chine qu'elle "se comporte comme devrait se comporter une puissance mondiale", fasse preuve de "transparence" et respecte "l'Etat de droit".
Le président américain avait déjà infligé cet été des taxes de 25% sur 50 milliards de dollars de biens chinois. Et face aux représailles en tout point identiques de Pékin, il a décidé de taxer 200 milliards de dollars de biens supplémentaires chinois.
Washington taxe en outre depuis mars, au nom de "la sécurité nationale", l'acier et l'aluminium importé à hauteur de 25% et 10%.
"La guerre commerciale est désormais une réalité", a pris acte Brian Coulton, le chef économiste de l'agence de notation financière Fitch.
Rendant la situation plus difficile, le dialogue semble rompu. La visite d'une délégation de négociateurs chinois prévue pour les 27 et 28 septembre à Washington a été annulée par Pékin, a affirmé le Wall Street Journal. De précédents pourparlers fin août n'avaient rien donné.
Les mesures protectionnistes américaines ont atteint un niveau tel qu'elles affectent "sensiblement" la perspective de croissance économique mondiale, même si l'expansion reste encore solide, a estimé vendredi l'agence de notation. Elle table désormais sur une croissance économique en Chine de 6,1% cette année, soit 0,2 point de pourcentage en moins qu'anticipé en juin, et une croissance mondiale pour 2019 de 3,1% (-0,1 point).
Avant la publication début octobre de ses prévisions de croissance mondiale, le Fonds monétaire international (FMI) a prévenu cette semaine que le conflit commercial entre la Chine et les Etats-Unis pourrait avoir un "impact significatif" sur l'économie des deux premières puissances mondiales et bien au-delà.
Le Japon, prochaine cible?
La croissance économique dans le monde est "moins équilibrée et moins synchronisée", observe Fitch.
L'expansion mondiale est d'autant plus menacée que Donald Trump a engagé un bras de fer commercial avec tous les principaux partenaires des Etats-Unis.
Pour l'heure, il a signé un armistice fragile avec l'Union européenne et le Mexique, mais son administration mène de délicates négociations avec le Canada.
En outre, le Japon avec lequel les Etats-Unis accusent un déficit commercial de 56,6 milliards de dollars, semble désormais être dans le viseur du locataire de la Maison Blanche.
La politique protectionniste de Donald Trump ne suscite pas que les inquiétudes des économistes, les entreprises américaines sont, elles aussi, de plus en plus nombreuses à pointer du doigt les risques.
Dans une lettre envoyée récemment à l'administration Trump, le géant de la distribution Walmart a prévenu que si de nouvelles taxes étaient imposées sur les marchandises chinoises, il pourrait augmenter ses prix sur un large éventail de produits allant de la nourriture (poissons, sauce soja, farine...) aux produits d'hygiène tels que le shampoing ou les détergents.
Ces taxes vont accroître les dépenses des ménages pour ces produits d'usage quotidien, a fait valoir Sarah Thorn, auteure de cette lettre et lobbyiste pour Walmart.
"De plus, aucun de ces articles n'est lié à la propriété intellectuelle ou à des secrets commerciaux et il est difficile de comprendre en quoi taxer ces produits va résoudre ces problématiques complexes", a-t-elle également argué.
L'inquiétude du monde des affaires est d'autant plus grande que Donald Trump a menacé de taxer encore 267 milliards de dollars de marchandises chinoises si Pékin venait à répliquer aux 200 milliards taxés.
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