La République islamique d'Iran a mis en cause le Front populaire et démocratique des Arabes d'Ahvaz (FPDAA), un groupe séparatiste, dans cette attaque perpétrée lors d'un défilé militaire.
Ahvaz est la capitale du Khouzestan. Dévastée par la guerre entre l'Irak et l'Iran (1980-1988), cette province pétrolifère du sud-ouest de l'Iran est peuplée majoritairement d'Arabes.
L'attaque de samedi a été perpétrée par un commando de quatre hommes qui ont ouvert le feu à l'arme automatique sur un défilé militaire et la foule des spectateurs, avant d'être abattus.
Les assaillants ont fait 24 morts et 60 blessés, selon le dernier bilan des autorités locales. La télévision d'Etat avait annoncé samedi 29 personnes tuées.
Une cérémonie de funérailles doit avoir lieu lundi matin, selon la télévision d'État.
"Nous n'avons aucun doute sur l'identité de ceux qui ont fait ça", a dit le président iranien Hassan Rohani, avant de décoller pour New York, où il doit participer à l'Assemblée générale annuelle des Nations unies.
"Mercenaires" de Saddam
M. Rohani a accusé les auteurs de l'attentat d'avoir été des "mercenaires" du dictateur irakien Saddam Hussein avant de se trouver après sa mort un nouveau "maître" sur "la rive sud du golfe Persique".
M.Rohani n'a nommé aucun État, mais les Affaires étrangères iraniennes ont convoqué dimanche le chargé d'affaires émirati à Téhéran.
Anwar Gargash, ministre délégué aux Affaires étrangères des Émirats arabes unis, a affirmé que son pays n'avait aucun lien avec l'attentat d'Ahvaz et a accusé Téhéran d'avoir lancé une "campagne" contre Abou Dhabi.
Samedi, M. Rohani avait promis une réponse "terrible" à l'attaque d'Ahvaz. Comme en écho, les Gardiens de la Révolution, l'armée idéologique de la République islamique, ont publié dimanche un communiqué annonçant "dans un avenir proche" une "vengeance inoubliable", sans plus de précision.
Le groupe jihadiste État islamique (EI) a revendiqué l'attentat d'Ahvaz, mais les autorités iraniennes ne semblent pas prendre cette revendication au sérieux.
Le ministère iranien des Affaires étrangères a annoncé dans la nuit avoir convoqué samedi les diplomates représentant le Danemark, la Grande-Bretagne et les Pays-Bas à Téhéran. Il leur a fait part des "fortes protestations de l'Iran contre le fait que leurs pays respectifs abritent certains membres du groupe terroriste ayant perpétré l'attaque" d'Ahvaz.
Une revendication, au nom du FPDAA, a été diffusée samedi sur une chaîne satellitaire, Iran International, basée à Londres.
Mais, dans un communiqué publié sur son site, le groupe a nié toute implication, et accusé les autorités de Téhéran d'avoir commandité l'attaque pour détourner l'attention du soutien qu'elles apportent "à des milices dans la région".
Le FPDAA dit lutter pour "le droit à l'autodétermination, la liberté et l'indépendance" des Arabes du Khouzestan. Il a toujours affirmé rejeter la violence.
- "Conspiration" américaine -
"Si des liens sont établis avec le Danemark, cela aura évidemment des conséquences", a déclaré le ministre danois des Affaires étrangères, Anders Samuelsen sur la télévision publique danoise.
Les Affaires étrangères néerlandaises ont indiqué à l'AFP avoir "entendu la version de l'Iran et présenté (leurs) condoléances pour l'attentat".
A Londres, un porte-parole du Foreign Office a indiqué avoir pris note de l'"inquiétude" exprimée par l'Iran et présenté également ses "condoléances" pour cette attaque.
Le guide suprême iranien, l'ayatollah Ali Khamenei, a vu dans cette attaque "une continuation de la conspiration des gouvernements de la région à la solde des États-Unis".
A couteaux tirés avec l'Iran, les États-Unis ont affirmé dimanche "condamner toute attaque terroriste n'importe où", par la voix de leur ambassadrice américaine à l'ONU Nikki Haley, qui a appelé M. Rohani à "regarder chez lui".
"Je pense que les Iraniens en ont assez et c'est de là que tout ça vient", a-t-elle affirmé sur la chaîne américaine CNN.
Le Khouzestan connaît des problèmes de pollution atmosphérique et de sécheresse à répétition, et sa population se plaint chroniquement d'être laissée pour compte par les autorités.
Samedi, des responsables iraniens avaient accusé, qui l'Arabie saoudite, qui "deux États (arabes) du Golfe" d'avoir armé ou financé le commando.
L'Arabie saoudite, alliée des États-Unis, est le grand rival régional de l'Iran. Les deux pays s'opposant sur de nombreux dossiers au Moyen-Orient, notamment dans les conflits en Syrie et au Yémen.
Téhéran et Ryad ont rompu leurs relations diplomatiques en janvier 2016.
L'Iran entretient également des relations tendues avec les Émirats, dont ils dénoncent régulièrement la participation à la coalition militaire sous commandement saoudien qui combat au Yémen contre les rebelles Houthis. Téhéran dit soutenir politiquement cette rébellion, mais pas militairement.
burx-neg-mj/all
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