Il a donné ce pays à majorité catholique en exemple à la communauté internationale et notamment à l'Union Européenne.
Ses propos critiques, prononcés en Europe de l'Est, ont paru viser surtout les pays du groupe de Visegrad (Pologne, Hongrie, République Tchèque est Slovaquie), dont les autorités n'ont pas voulu accueillir sur leur territoire les réfugiés et les migrants économiques arrivés massivement en Grèce et en Italie.
Dans un discours prononcé devant les autorités lituaniennes et le corps diplomatique, réunis devant le palais présidentiel, le souverain pontife a évoqué "les voix qui sèment la division et l'affrontement", en instrumentalisant l'insécurité ou les conflits, ou "proclament que l'unique manière possible de garantir la sécurité et la survie d'une culture réside dans l'effort pour éliminer, effacer ou expulser les autres".
A cet égard, a-t-il poursuivi "vous, Lituaniens, vous avez une parole originale à apporter: +accueillir les différences+. Par le dialogue, par l'ouverture et la compréhension, celles-ci peuvent devenir un pont qui unit l'Orient et l'Occident de l'Europe".
"Cela peut être le fruit d'une histoire arrivée à maturité, qu'en tant que peuple vous offrez à la communauté internationale et en particulier à l'Union Européenne", a affirmé le pape.
Il a fait également allusion à l'un des principaux problèmes des pays baltes, à savoir l'émigration des jeunes. Il a invité les Lituaniens à "prêter une attention spéciale aux plus jeunes, qui ne sont pas seulement l'avenir mais le présent de cette nation, à condition qu'ils restent attachés aux racines du peuple".
Auprès des jeunes
Dans l'après-midi de samedi, Jorge Bergoglio doit rencontrer les jeunes nés après l'indépendance, sur la place de la cathédrale de Vilnius qui fut fermée au public durant l'occupation soviétique, transformée en galerie d'art et enfin en commerce de pièces détachées pour automobiles.
La Lituanie et les autres pays baltes ont connu une croissance économique rapide, mais aussi l'apparition d'inégalités sociales et une migration massive de jeunes vers l'Occident, qui pose un sérieux problème.
En souhaitant la bienvenue au pape, la présidente Dalia Grybauskaite l'a remercié de visiter la Lituanie dans l'année du centenaire de son indépendance et rappelé que le Vatican, parmi les premiers à reconnaître l'Etat lituanien, n'avait jamais accepté son occupation par l'URSS, "une promesse de liberté et un espoir qui a été comblé".
Elle a également jugé "hautement symbolique" que François se trouve en Lituanie dimanche, le jour où le pays rend hommage aux victimes du génocide des Juifs exterminés par les nazis. Le pape doit se recueillir et prier dimanche devant le monument aux victimes du ghetto de Vilnius.
Jusqu'en 1940, la Lituanie était la patrie de plus de 200.000 juifs, et Vilnius, du fait de son rayonnement spirituel, était surnommé la Jérusalem du Nord. Presque tous ont péri pendant l'occupation nazie entre 1941 et 1944.
Lundi, François sera en Lettonie, pays plutôt protestant, et mardi en Estonie, très majoritairement non croyante.
Le pape aime tendre la main aux plus petites communautés catholiques de la planète, tout en affichant son rapprochement avec les autres religions chrétiennes.
Son 25e déplacement à l'étranger s'annonce a priori serein, après son difficile week-end fin août en Irlande, pays meurtri par des abus passés du clergé.
François avait été accusé à distance par un prélat italien d'avoir longtemps sciemment ignoré les agissements de l'influent cardinal américain Theodore McCarrick, finalement démis en juillet de son ministère pour des abus sexuels anciens contre un adolescent.
Pressé de répondre par de nombreuses voix de l'Eglise, le chef des 1,3 milliard de catholiques n'est pas sorti de sa réserve avant son voyage dans les pays baltes.
Mais à la veille même de son départ pour Vilnius, François a dû encore annoncer deux nouvelles démissions d'évêques chiliens.
Et mardi, l'Eglise allemande publiera officiellement un rapport --déjà objet de fuites dans la presse-- relatant qu'au moins 3.677 enfants ont été victimes entre 1946 et 2014 d'abus sexuels commis par 1.670 membres du clergé.
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