L'universitaire Christine Blasey Ford, 51 ans, affirme que le juge Brett Kavanaugh, 53 ans, l'a agressée lors d'une soirée arrosée entre adolescents au début des années 1980 dans la banlieue de Washington, ce que le magistrat nie vigoureusement.
"Si les attaques avaient été aussi graves que ce que dit le Dr. Ford, il y aurait eu une plainte d'elle ou de ses parents aimants", a tweeté le président Trump, affichant pour la première fois aussi clairement ses doutes sur la crédibilité de la chercheuse en psychologie.
Ce message a immédiatement suscité une levée de boucliers. Donald Trump manifeste sa profonde "incompréhension" du "traumatisme" des victimes, a taclé le chef des sénateurs démocrates Chuck Schumer.
Selon le ministère de la Justice, près de 325.000 personnes ont été victimes de viols ou d'agression sexuelle en 2016 mais seuls 22,9% des cas ont été rapportés à la police.
Sur Twitter, de nombreuses internautes ont expliqué sous le hashtag #WhyIDidntReport ("Pourquoi je n'ai pas porté plainte") s'être tues après des agressions par "peur", parce qu'elles pensaient que c'était de leur faute ou qu'on ne les croirait pas.
Ce mot d'ordre fait écho au mouvement #MeToo, qui a contribué en un an à faire chuter des dizaines d'hommes de pouvoir.
Soucieux de ne pas s'aliéner l'électorat féminin à quelques semaines d'élections législatives à haut risque, le président Trump, pourtant prompt à rembarrer ceux qui se dressent sur son chemin, n'avait jusqu'ici pas critiqué nommément Mme Blasey Ford.
La Maison Blanche avait concentré ses flèches sur les démocrates, les accusant d'instrumentaliser cette affaire pour retarder la nomination du magistrat conservateur.
Restée muette pendant des années, Mme Blasey Ford avait adressé en juillet une lettre confidentielle à une élue démocrate pour accuser le juge Kavanaugh, dont le nom commençait à circuler pour la Cour suprême. Mais son courrier n'a été transmis au FBI que la semaine dernière.
Les démocrates "ont fait exprès, pour faire de l'obstruction", a répété Donald Trump, lui-même accusé de harcèlement ou d'agression sexuelle par plusieurs femmes.
200.000 dollars
Suite à des fuites, Mme Blasey Ford a décidé de sortir de l'ombre dans une interview publiée dimanche.
Elle y raconte comment le jeune Kavanaugh, accompagné d'un ami, tous les deux "complètement ivres", l'aurait coincée dans une chambre et plaquée sur un lit lors d'une soirée d'été au début des années 1980. Il aurait tenté de la déshabiller, avant qu'elle ne parvienne à fuir.
Dès le lendemain, les sénateurs, qui ont pour mission de valider les nominations à vie à la Cour suprême, ont convoqué les deux protagonistes pour une audition devant leur commission judiciaire.
Le juge Kavanaugh s'est immédiatement dit prêt à venir défendre son honneur. Après quatre jours d'hésitation, Mme Blasey Ford a fait savoir qu'elle souhaitait être entendue, mais à certaines conditions.
Elle veut notamment que le cadre de son audition soit "juste" et aimerait une enquête du FBI avant de livrer sa version des faits.
Elle souhaite également que sa sécurité soit assurée. Depuis qu'elle est sortie de l'anonymat, elle assure avoir reçu des "menaces de mort" et avoir dû quitter son domicile en Californie.
Plus de 200.000 dollars ont été levés en 48 heures via une plate-forme sur internet pour l'aider à assumer les coûts de sa sécurité, a expliqué à l'AFP Heidi Feldman à l'origine de cette initiative
La date de son audition fait aussi l'objet d'un bras de fer. Les sénateurs républicains souhaitent l'entendre mercredi prochain, mais elle leur a répondu ne pas être disponible avant jeudi, a déclaré la chef des sénateurs démocrates au sein de la commission judiciaire, Dianne Feinstein.
Les républicains semblent décidés à avancer vite. "Dans un futur très proche, le juge Kavanaugh siègera à la Cour suprême", a assuré vendredi leur numéro un au Sénat Mitch McConnell.
L'enjeu pour eux est de confirmer le juge Kavanaugh avant les élections parlementaires de début novembre.
Au-delà du jeu politique, la nomination à vie du magistrat pourrait placer les juges progressistes ou modérés en minorité pour de longues années à la Cour suprême, arbitre des grandes questions qui divisent la société américaine (mariage homosexuel, armes à feu, droit à l'avortement...).
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