"On cherche une vingtaine de personnes en CDI sur des métiers physiques comme des maçons et des carreleurs, mais aussi des plombiers et des chauffagistes et on a très peu, voire pas du tout de candidatures. Résultat la durée des chantiers s'allonge", témoigne Bruno Lucas, président du groupe éponyme spécialisé dans le bâtiment. Ailleurs, ce sont des comptables, des commerciaux, des chauffeurs ou encore des animateurs qui font défaut.
Dans une note de synthèse, la Chambre de commerce fait état d'"une population de jeunes difficile à maintenir sur le territoire" et d'un "manque d'attractivité du département pour les cadres", un constat qui se traduit notamment par un solde migratoire négatif.
"Aujourd'hui, 50% des offres d'emplois en Mayenne ne sont pas pourvues, les entreprises se privent de marchés, ça devient un sujet critique pour l'avenir du territoire", s'alarme Samuel Tual, président du Medef départemental.
"Ce serait caricatural de dire qu'il n'y a qu'à traverser la rue pour trouver du travail en Mayenne", nuance toutefois Franck Leroy, directeur territorial délégué à Pôle Emploi. "Il faut souvent suivre des formations complémentaires pour répondre vraiment aux besoins", précise-t-il.
Plus globalement, c'est l'image rurale du territoire liée à l'absence de grande métropole, qui, de l'avis des décideurs locaux, pose problème. "On cherche à gommer cette image par une +hyperconnectivité+ en donnant l'accès à la fibre pour tous les Mayennais d'ici 2021", souligne Xavier de la Bretesche, président de "Made in Mayenne", un label qui promeut les savoir-faire locaux.
"On n'a pas d'image", déplore de son côté le président du conseil départemental Olivier Richefou. "Pendant longtemps l'état d'esprit a été de dire: +le bruit ne fait pas de bien et le bien ne fait pas de bruit+, selon les mots du père de l'actuel président de Lactalis (dont le siège est à Laval NDLR), mais c'est fini, le bruit s'appelle la communication, et ça fait du bien".
"Chargé d'attractivité"
En novembre, 53 patrons ont tenté de faire parler d'eux en se rendant à la Maison de la Radio pour une séance de "job dating". Le groupe Lucas compte former une cinquantaine de migrants à ses métiers, tandis que l'équipementier automobile Tenneco verse une prime de 400 euros à ceux de ses salariés qui permettent l'embauche d'un collaborateur.
Pour attirer de la main d'œuvre, la Mayenne mise sur "le contrat de travail" et "la vie qui va avec". Qualité de vie", "nature", ou encore "faible prix de l'immobilier" mais aussi proximité avec Rennes, Angers et Paris, que deux TGV par jour mettent à 1H15 de Laval. Le département, qui vient de recruter un "chargé de l'attractivité", s'apprête à faire voter un "plan attractivité". "
Dernièrement, l'agglomération lavalloise a également lancé une opération de séduction en allant présenter ses entreprises aux demandeurs d'emploi de départements où le taux de chômage avoisine les 12%, comme la Seine-Saint-Denis.
"On a une vingtaine de familles qui arrivent et qu'on accompagne pour trouver un logement, des écoles pour les enfants et un emploi pour le conjoint", explique Frédéric Mellier, responsable de l'emploi à l'agglomération.
Parmi les bénéficiaires, Mohamed El Khaldi, 46 ans, s'est installé à Laval il y a deux semaines où il a décroché un CDI de régleur sur presse. "Je viens de la Marne où même mon conseiller Pôle emploi me disait qu'il n'y avait pas de boulot", raconte-t-il. "Ici les gens sont accueillants et à l'écoute. J'ai reçu une mallette de bienvenue qui propose une promenade en bus pour découvrir la ville", s'amuse-t-il.
Sandra Roy, 41 ans, a elle déménagé de Rennes avec mari et enfants pour un poste de responsable de production à Laval. "On avait peur de s'ennuyer, mais on est super contents de la qualité de vie avec une maison gigantesque et une salle de spectacle de folie", assure cette cadre qui n'a "pas l'intention de partir".
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