Les partenaires sociaux attendent cette lettre de cadrage pour décider de négocier, ou non.
Le secrétaire général de la CFDT, Laurent Berger, qui avait pourtant indiqué de but en blanc en juillet qu'il irait négocier se montrait, à l'approche de l'échéance, plus critique: "Je soupçonne surtout le gouvernement de nous tendre un piège".
"Nous attendons la lettre de cadrage mais je redoute qu'elle ne pose des objectifs inatteignables", ajoutait-il.
Idem pour Force ouvrière, qui réclame une lettre "d'orientation" plutôt qu'une lettre de cadrage en guise de feuille de route.
La ministre du Travail, Muriel Pénicaud, fait "le pari que la négociation est possible, mais c'est entre leurs mains", avait-elle indiqué récemment.
Vendredi après-midi, les négociateurs des huit organisations syndicales et patronales sont reçus par le directeur de cabinet de la ministre, Antoine Foucher.
Tous ont déjà été reçus par la ministre elle-même, en tête-à-tête, la semaine dernière. Ils attendent avec impatience d'en savoir plus afin de décider ou non de négocier une nouvelle convention d'assurance chômage d'ici à la fin de l'année.
La dernière convention, négociée au printemps 2017, avant l'arrivée d'Emmanuel Macron au pouvoir, est entrée en vigueur il y a peine un an, en octobre. Et une réforme, à travers la loi "avenir professionnel" adoptée cet été, a déjà retouché le système en élargissant l'assurance chômage à davantage de démissionnaires et aux indépendants.
Mais Emmanuel Macron a, à la surprise générale, souhaité rouvrir ce chantier, sur fond de chômage qui reflue peu et de coup de mou de la croissance française.
La précarité pèse sur les comptes
Le "document de cadrage" qui sera envoyé dans la foulée de la réunion de vendredi contiendra notamment des objectifs financiers. Depuis la rentrée, plusieurs chiffres ont circulé, selon les sources, d'un montant d'économies à réaliser compris entre un et deux milliards d'euros. Mais aucun n'a été confirmé officiellement.
Les partenaires sociaux, qui gèrent paritairement le régime d'assurance chômage dans l'Unédic, se sont réunis à plusieurs reprises en septembre pour faire un état des lieux.
Mais rien n'a filtré de leurs réunions et ils n'ont pas publié de communiqué commun comme ils avaient pu le faire à l'été 2017 avant le lancement de la première réforme de l'assurance chômage du quinquennat.
Le secrétaire général de FO, Pascal Pavageau, assure que toutes les organisations se concerteront avant de faire connaître leur position. Force ouvrière réunit d'ailleurs mercredi et jeudi prochain son "parlement", au cours duquel ce point sera débattu.
Le Medef et son nouveau patron Geoffroy Roux de Bézieux devraient aussi attendre avant de s'exprimer.
Plusieurs pistes de la réforme ont déjà été officiellement évoquées, comme la création d'une allocation longue durée.
L'exécutif souhaite en outre que soit revu le système permettant de toucher une allocation chômage et un petit salaire. Prévu pour inciter au retour à l'emploi, ce dispositif dit de "l'activité réduite" ou du "cumul emploi chômage" concerne 800.000 personnes en moyenne par mois, notamment des femmes et des seniors, comme des intérimaires ou des assistantes maternelles.
Depuis la crise de 2008, le nombre de demandeurs d'emploi en activité a doublé.
Parallèlement, la question d'un bonus-malus imposé aux entreprises qui abusent des contrats courts, mesure qui hérisse le patronat et a été retoquée plusieurs fois par le passé, reviendra sur la table. L'exécutif brandit cette promesse du candidat Macron en forme de menace depuis un an mais ne l'a pas encore mise à exécution.
Le nombre de CDD s'accroît, et leur durée est de plus en plus courte. Un tiers de ces contrats à durée déterminée ne durent en effet qu'une journée et ceux de moins d'un mois, qui représentaient 57% des CDD en 1998, en représentent 83% en 2017.
"On a réinventé les journaliers!", s'est récemment exclamée la ministre du Travail, et ce alors que cette précarité pèse sur les comptes de l'Unédic, endettée à hauteur de 35 milliards d'euros.
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