"De l'infirmière au cuisinier, tout le personnel de La Chêneraie -- un Ehpad du réseau privé Orpea -- doit tester l'équipement", souligne Alizée Ducandas, directrice de cet établissement haut de gamme.
Cette combinaison, conçue comme un outil de prévention contre la maltraitance du 3e âge, "simule l'avancement en âge classique, sans pathologie spécifique", résume-t-elle.
Pour les besoins de la démonstration devant la presse, Corinne Loora, animatrice à la Chêneraie, enfile une coque rigide sur le dos, des mitaines, des genouillères et des guêtres. Le tout lesté de plomb.
L'outil est conçu pour restreindre les mouvements, en raidissant la colonne vertébrale, les mains, les membres inférieurs et supérieurs. L'"armure" limite ainsi à l'extrême les gestes les plus anodins du quotidien comme marcher, s'agenouiller ou saisir un objet.
"En quelques minutes; on a 80 ans et on sent le poids des années qui s'installent", explique l'animatrice de 47 ans.
Pourtant "très sportive", l'animatrice avance en tâtonnant sur un parcours d'obstacles, déploie tous les efforts possibles pour se pencher et ramasser une quille, ou même tout simplement s'asseoir sur un fauteuil.
"Tout est obstacle"
"Je n'y arrive pas", soupire-t-elle, j'ai l'impression que mon corps ne m'appartient plus, que je ne le contrôle plus. Tout est obstacle".
Les premiers tests lui ont permis "de modifier ses pratiques et d'adapter l'accompagnement des résidents à leurs difficultés et à leurs besoins", dit-elle.
Elle décrit ces tout petits gestes, simples ou pas, prenant en compte la faiblesse des seniors: "poser son badge plus bas sur le torse, pour qu'il soit vue d'une personne en chaise roulante". Communiquer face à la personne, dont le champ de vision est restreint, ou s'approcher de son oreille quand elle n'entend pas. Etre plus patient, et attentif à la lenteur des mouvements d'un octogénaire...
"Ici, les soignants ou aidants ont changé leurs pratiques au quotidien", explique l'infirmière coordinatrice Aurélie Godichon, "pour la toilette, quand ils aident à la marche, ou aux repas".
Pour 1.500 euros, l'établissement, comme quelques autres en France, s'est doté de cet outil imaginé dans les années 1970 par des ingénieurs japonais sensibilisés au vieillissement de la population.
Censée simuler les difficultés d'un octogénaire bien portant, la combinaison du vieillissement peut aussi être complétée par des accessoires reproduisant les effets des pathologies les plus courantes du 3e âge : un masque simulant une DMLA (perte progressive de la vision), un casque reproduisant les effets de la surdité ou encore des gants à ondes magnétiques pour simuler les tremblements de Parkinson.
Une fois harnachée, témoigne encore l'animatrice, "j'ai l'impression d'être un bâton de glace, je vois flou, je n'entends rien. Mais pour moi, ce n'est qu'une vieillesse éphémère de quelques minutes que nos aînés, eux, vivent au quotidien".
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