Les retraités "ne sont pas mal aimés, ils ne sont pas mal aimés du tout", a assuré M. Philippe sur France Inter, en défendant la politique budgétaire du gouvernement, et notamment la hausse de 1,7 point de CSG entrée en vigueur au 1er janvier 2018.
"Nous faisons des choix, car nous voulons que le travail paye. Nous voulons que ceux qui aujourd'hui payent les pensions puissent bénéficier de leur effort accru", a poursuivi le chef du gouvernement, tout en reconnaissant la nécessité d'un meilleur "calibrage" de cette réforme.
Actuellement, près de 60% des retraités, soit 7,5 millions de personnes, sont concernés par la hausse de la CSG. Un niveau jugé trop élevé par les associations de retraités, mais aussi par l'opposition, qui dénonce depuis plusieurs mois un "matraquage fiscal".
Face aux critiques, le Premier ministre avait annoncé en mars un geste fiscal pour les 100.000 retraités se trouvant juste au-dessus du revenu fiscal de référence, à savoir 14.404 euros pour une personne seule et 22.051 euros pour un couple.
Jeudi matin, le chef du gouvernement a précisé que cette "mesure de correction" concernerait finalement "300.000 personnes", "qui n'auront pas à payer cette augmentation de la CSG dans les années qui viennent". "C'est un effort de 350 millions d'euros", a-t-il insisté.
Concrètement, il faudra être passé pendant deux ans d'affilée au-dessus du seuil pour être frappé par l'augmentation de la CSG. Ce qui signifie que les contribuables qui dépassent le seuil durant une seule année seront épargnés.
"C'est une mesure de justice sociale, qui permet d'ajuster un dispositif qui n'avait pas vocation à pénaliser les plus fragiles de nos concitoyens", s'est félicité dans un communiqué le député LREM Joël Giraud, rapporteur général du Budget.
"Variable d'ajustement"
Cette décision intervient dans un contexte délicat pour le gouvernement, contraint de trouver des marges de manœuvre pour boucler son budget 2019 tout en prenant en compte la grogne croissante des contribuables sur le pouvoir d'achat.
En début de semaine, le président de la République Emmanuel Macron a ainsi demandé à son entourage d'"arrêter d'emmerder les retraités", reconnaissant en creux que la politique mise en place depuis un an avait désavantagé cette partie de la population.
La hausse de 1,7 point de la CSG, promise par Emmanuel Macron pendant la présidentielle, et destinée à compenser la suppression des cotisations chômage et maladie pour les salariés du privé, a suscité de nombreuses critiques, notamment chez les associations de retraités.
"Notre position ne change pas. Il y a un problème de fond, que l'annonce faite par Edouard Philippe aujourd'hui ne règle en rien", a assuré à l'AFP Michel Salingue, secrétaire général de la FGR-FP (Fédération générale des retraités de la fonction pulbique), pour qui les retraités sont devenus une "variable d'ajustement".
"Qu'on passe de 100.000 à 300.000 retraités, c'est tant mieux pour les 200.000 personnes concernées. Mais la réalité, c'est que les retraités vont continuer de perdre du pouvoir d'achat", en raison notamment du "quasi-gel des pensions", a-t-il ajouté.
Le gouvernement a en effet annoncé fin août que la revalorisation des pensions de retraites serait limitée à 0,3% l'année prochaine, alors que l'inflation devrait atteindre 1,3% en 2019 selon Bercy. De quoi économiser, selon une source proche du dossier, près d'un milliard d'euros.
Cette décision a provoqué une levée de boucliers chez les syndicats de retraités, qui ont prévu une journée de manifestation le 3 octobre. "Jamais le divorce des retraités n'a été aussi fort avec un gouvernement", ont dénoncé ces syndicats dans on communiqué.
Selon le baromètre Ipsos du mois de septembre, la popularité d'Emmanuel Macron chez les retraités -- qui avait déjà fortement baissé l'an dernier -- s'est effondrée ces derniers mois, avec 74% de personnes ayant une opinion défavorable ou très défavorable du président.
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