D'entrée, il a "présenté ses excuses" au président de la commission d'enquête du Sénat, Philippe Bas (LR), qu'il avait qualifié la semaine dernière de "petit marquis". "Je voulais vous assurer de mon respect total, et vous présente mes excuses", a-t-il ajouté à Philippe Bas, qui lui a répondu en "prendre acte".
"J'ai ressenti à un moment un acharnement médiatique, un acharnement politique, et j'ai eu l'impression qu'un certain nombre de personnes ont pu se servir des institutions de notre pays à des fins politiques et médiatiques", a expliqué M. Benalla, exprimant son "profond regret".
Tiré à quatre épingles, souriant et disert, l'ex-collaborateur du chef de l'État a ensuite détaillé ses fonctions assurant n'avoir "jamais été le garde du corps d'Emmanuel Macron", que ce soit pendant la campagne présidentielle ou après l'arrivée de M. Macron à l'Elysée.
Cette question est au cœur des débats de la commission d'enquête sénatoriale qui cherche à connaître les fonctions exactes qu'occupait M. Benalla auprès du président.
"Je n'ai jamais été ni policier ni garde du corps du président de la République", a-t-il insisté. "Mon statut, c'était chargé de mission, c'est-à-dire le niveau le plus bas", a ajouté M. Benalla qui a dit avoir "divisé (s)on salaire par trois" en rejoignant l'équipe de campagne de M. Macron.
L'audition a commencé à entendre à 08H50, avec 20 minutes de retard, l'ancien collaborateur du chef de l'État, mis en examen pour avoir malmené des manifestants en marge des défilés parisiens du 1er mai.
Dans la foulée, sera auditionné Vincent Crase, chef d'escadron dans la réserve opérationnelle de la gendarmerie, filmé à ses côtés lors de ces incidents et également mis en examen.
Au moment des faits, les deux hommes étaient respectivement adjoint du chef de cabinet de la présidence et employé du parti présidentiel La République en marche. Ils ont tous deux été licenciés après la divulgation des événements dans la presse.
M. Bas et Jean-Pierre Sueur, corapporteur PS de la commission, martèlent n'avoir qu'un objectif: mettre au jour d'éventuels "dysfonctionnements" des services de l'État. Et cela en n'empiétant pas sur les prérogatives de la justice, ce qui serait contraire à la séparation des pouvoirs.
Il s'agit simplement d'"établir la vérité: on est passé d'un petit dysfonctionnement d'État - il n'y a jamais eu de crime d'État - à un mensonge d'État, compte tenu des contrevérités qu'on nous a assénées en contradiction avec tous les éléments objectifs dont nous disposions", a insisté le sénateur membre de la commission François Grosdidier (LR) sur Cnews.
"Instrumentalisation"
Au centre des préoccupations des sénateurs, la question de la protection du président et le rôle qu'Alexandre Benalla, qui avait intégré l'équipe de sécurité d'Emmanuel Macron pendant la campagne présidentielle, a pu y tenir, en dépit des "règles" établies par les institutions.
Cette protection est "la responsabilité d'un service de l'État", a martelé M. Bas avant l'audition. Elle est dévolue à deux unités d'élite, le Groupe de Sécurité de la présidence de la République (GSPR) et, à l'intérieur de Élysée, le commandement militaire.
Révélée en juillet par le journal Le Monde, l'affaire a été qualifiée de "tempête dans un verre d'eau" par le président Macron. Mais, loin de s'évanouir, elle continue d'occuper le devant de la scène et a donné lieu ces derniers jours à des échanges musclés entre exécutif et sénateurs s'écharpant sur la question de la séparation des pouvoirs.
"Instrumentalisation politique", volonté de "s'arroger un pouvoir de destitution" du président, "campagne politique personnelle" de Philippe Bas: les accusations ont fusé parmi les membres du gouvernement. Quant aux sénateurs macronistes, minoritaires au Palais du Luxembourg, ils ont boycotté l'audition.
La convocation de M. Benalla, 27 ans, devant le Sénat, avait viré au feuilleton. L'ex-chargé de mission a d'abord laissé entendre qu'il souhaitait être auditionné. Puis qu'il ne préférait plus. Avant de finalement céder, "contraint", à la requête des sénateurs, afin d'éviter des "poursuites judiciaires".
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