Urgences "engorgées", psychiatrie "en crise", étudiants en médecine "qui souffrent": après les diagnostics alarmants posés ces derniers mois, l'exécutif dispense enfin son remède pour remettre sur pied le système de santé.
Moins d'une semaine après le plan pauvreté, cet acte II de la rentrée sociale du président de la République comporte une cinquantaine de mesures, dont la suppression de l'emblématique numerus clausus et de la première année commune aux études de santé (Paces).
Le redoutable concours qui a traumatisé des générations d'étudiants en santé, ainsi que les quotas de places en médecine, pharmacie, dentaire et maïeutique (sages-femmes), auront disparu en 2020.
"Ça ne veut pas dire qu'il n'y aura plus de sélection, mais qu'on va revenir dans le droit commun", a indiqué l'Elysée, qui veut "qu'il y ait plus de médecins qui soient formés demain".
Le symbole est fort, mais ne produira ses effets qu'à long terme. Dans l'immédiat, l'exécutif veut "regagner du temps médical" et va mettre la main à la poche pour y parvenir.
Les crédits de l'assurance maladie augmenteront ainsi de 2,5% l'an prochain, au lieu des 2,3% prévus, soit près de 400 millions d'euros supplémentaires.
En cumulé d'ici la fin du quinquennat, ce sont 1,6 milliard d'euros qui sont "garantis" pour "accompagner la réforme", a affirmé une source proche du dossier.
Une rallonge qui financera notamment la création de 4.000 postes d'"assistants médicaux", qui auront pour mission de "décharger" les médecins des tâches administratives et de certains "actes simples comme une prise de tension ou de température".
En contrepartie, les praticiens devront exercer en groupe ou au sein d'une équipe de soins, mais aussi accepter de nouveaux patients et assurer les "urgences de ville", c'est-à-dire des consultations sans rendez-vous en journée.
"Gradation des soins"
"Notre logique, c'est de les inciter tellement qu'ils n'auront plus le choix", a expliqué l'entourage du chef de l'Etat.
Dans la même veine, 400 postes de médecins salariés seront créés dans les déserts médicaux "pour permettre aux patients d'accéder à une consultation généraliste".
Du côté des hôpitaux, l'accent sera mis sur la qualité des soins, avec une enveloppe multipliée par cinq dès l'an prochain, à 300 millions d'euros.
Mais le gouvernement lorgne aussi le gisement d'économies des actes "inutiles", favorisés par la très décriée "tarification à l'activité" (T2A).
Dès 2019, de nouveaux financements seront mis en oeuvre pour des maladies chroniques comme le diabète et l'insuffisance rénale, obligeant hôpitaux et professionnels de santé libéraux à se coordonner et à partager une rémunération forfaitaire.
"Parfois, bien faire c'est ne pas faire un acte", a déclaré la ministre de la Santé, Agnès Buzyn, dans un entretien à l'AFP, précisant que "ce sont les professionnels qui vont définir la qualité" et les futurs "parcours de soins".
Son ministère va par ailleurs rebattre la carte hospitalière, pour "organiser une vraie gradation des soins".
Un nouveau statut d'hôpital "de proximité" sera créé par une loi en 2019 pour les 600 plus petits établissements, qui seront "réorientés sur des priorités" incluant la gériatrie, la rééducation, l'imagerie, la biologie ou encore la télémédecine.
Les blocs chirurgicaux et les maternités seront regroupés dans les plus gros établissements pour leur assurer une activité plus importante, gage de sécurité pour les patients.
"Cela pourra passer par des fermetures d'activités dans certains cas", a reconnu l'Elysée, assurant que "rien ne se perd, tout se transforme".
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