"C'est loin, les municipales. Si d'ici là on ne m'a pas diagnostiqué de maladie grave [rires], je serai candidat à Lyon." Au détour d'un long entretien à L'Express paru mardi, le ministre et numéro 2 du gouvernement a mis fin aux spéculations sur son implication dans les futures batailles municipales lyonnaises.
"Je pense que les ministres qui veulent être candidats aux municipales de 2020 devraient pouvoir quitter le gouvernement après la bataille des européennes", a ajouté M. Collomb, 71 ans, dont le départ du gouvernement après le scrutin européen de juin 2019 était pronostiqué par de nombreuses sources tant à Beauvau qu'entre Rhône et Saône.
"Je ne serai pas ministre de l'Intérieur jusqu'à l'avant dernier jour. A partir d'une certaine période, il vaut mieux être totalement disponible pour la campagne", a-t-il complété.
Maire de la capitale des Gaules pendant 16 ans avant d'être nommé en mai 2017, au poste stratégique de ministre de l'Intérieur par Emmanuel Macron dont il est un des fidèles, Gérard Collomb a choisi d'annoncer son futur départ très en amont au risque d'ajouter de la confusion à une rentrée déjà agitée pour l'exécutif.
Suites de l'affaire Benalla, valse hésitation sur l'impôt à la source, cacophonie sur les droits de succession ou encore départ surprise de Nicolas Hulot, autre poids lourd du gouvernement: l'exécutif semble patiner pour cet An II du quinquennat, sur fond de sondages en chute.
Habituel relais discipliné de la parole élyséenne, Gérard Collomb avait d'ailleurs surpris en pointant du doigt le "manque d'humilité" de l'exécutif, le 6 septembre.
"On se dit les choses en face", a assuré le ministre à L'Express à propos d'Emmanuel Macron avec qui il a toujours revendiqué une relation "quasi-filiale".
Politiquement affaibli
Cet été, le ministre de l'Intérieur avait également été pris dans la tourmente de l'affaire Benalla.
Jurant ne pas connaître l'ex-chargé de mission de l'Elysée et semblant renvoyer les responsabilités aux seuls préfet de police et directeur de cabinet de M. Macron, M. Collomb était sorti de cette séquence politiquement affaibli.
Selon un récent sondage BVA-Mag2Lyon, M. Collomb avait accusé une baisse sensible de 11 points de satisfaction sur son action en tant que ministre de l'Intérieur par rapport à septembre 2017.
Moqué pour son verbe parfois brouillon, critiqué pour ne pas avoir su couper le cordon avec sa ville de cœur, Gérard Collomb avait su jusqu'ici maintenir la barre auprès de l'opinion publique en dépit de réformes contestées, surtout à gauche: la loi sur la sécurité intérieure et la lutte contre le terrorisme (Silt), qui a intégré dans le droit commun des dispositions de l'état d'urgence, ou la loi asile immigration, critiquée au sein même de la majorité parlementaire.
Dans le domaine sécuritaire, sa police de sécurité du quotidien (PSQ), réforme censée rapprocher la police de la population et renforcer la lutte contre la délinquance, continue de susciter un enthousiasme relatif dans les rangs policiers.
L'annonce du futur départ du ministre, le jour même du lancement officiel de nouveaux renforts policiers pour des quartiers en difficulté, une des mesures-phares de la PSQ, ne devrait pas renforcer l'image de "premier flic de France" de M. Collomb.
En affirmant à L'Express vouloir être candidat "à la Ville et à la Métropole", le ministre n'a en outre pas levé toutes les incertitudes concernant son futur retour dans l'arène politique lyonnaise.
Fin connaisseur des collectivités locales et architecte d'une puissante Métropole, M. Collomb sait que la loi n'autorisera plus en 2020 le cumul des fonctions de maire et de président de la Métropole de Lyon.
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