La presse française et étrangère l'avait surnommé le "docteur Romand", parce qu'il était parvenu pendant plus de 15 ans à mentir à son entourage, en se faisant passer pour un médecin de l'Organisation mondiale de la Santé (OMS), avant d'assassiner cinq membres de sa famille.
Condamné à la perpétuité en 1996, Romand, 64 ans, a purgé sa peine de sûreté de 22 ans. Théoriquement libérable depuis 2015, il n'a déposé que récemment sa demande de libération conditionnelle.
Vingt-cinq ans après les faits, cette demande sera examinée à la prison de Saint-Maur (centre) où Romand est incarcéré, lors d'une audience en la présence du prisonnier, de son avocat, d'un représentant du parquet et d'une juge d'application des peines.
La décision du juge ne devrait pas être connue le jour même, mais mise en délibéré.
Décrit à son procès par les psychiatres comme un "mythomane" atteint "d'une pathologie narcissique", le faux médecin de l'OMS, qui vivait en escroquant des proches (dont son père) qui lui avaient confié leurs économies pour, disait-il, les placer en Suisse, avait été condamné pour cinq meurtres prémédités.
Alors que la vérité menace d'éclater, le 9 janvier 1993, Romand tue de sang froid sa femme, sa fille de sept ans et son fils de cinq ans, puis ses parents. Il rentre chez lui, met le feu à sa maison, avale des barbituriques, et rate son suicide.
Retrouvé inconscient le 11 janvier dans sa maison, Romand a d'abord nié puis rapidement avoué ce double parricide et ce triple assassinat, ainsi qu'une tentative d'assassinat perpétrée contre une amie dentiste Chantal Delalande, six actes commis en moins de 24 heures dans le centre-est de la France.
- Un détenu solitaire -
Sollicité par l'AFP, son avocat a choisi d'observer une "ligne de conduite" stricte, en refusant de communiquer pour protéger son client.
Une chose est sûre: la demande de libération de Romand a fait l'objet d'un long travail de préparation, affirme une source proche du dossier. Et son comportement en prison joue en sa faveur.
Romand est un détenu qui "ne pose aucun problème, tout à fait gérable" et qui n'a "pas de passé disciplinaire", avait indiqué l'Administration pénitentiaire à l'AFP début septembre.
Mais comme pour n'importe quel détenu, "la question numéro un est: est-ce qu'il peut être un danger pour la société s'il sort, et est-ce qu'il a compris le sens de sa peine?", avait souligné l'Administration.
Une source qui a longtemps côtoyé Romand à Saint-Maur se souvient d'un détenu "calme", "très posé", "assez solitaire", "toujours très poli".
Il avait accepté un travail en prison, où il montait et restaurait des bandes sonores d'archives.
"Au quotidien, c'est quelqu'un qu'on n'entendait pas, qui était réservé. La gestion se faisait sans souci. Bien sûr on sait aussi que chez ces gens, ça peut vriller du jour au lendemain", commente cette source.
Présentait-il le profil du détenu libérable? "Sur des profils de longue peine: oui, à partir du moment qu'il montre à la justice qu'il reconnaît les faits."
Mais sa personnalité appelle à la vigilance: "Il a pu cacher son histoire toutes ces années, il n'est pas impossible que pour sa demande, il monte un scénario tout beau, tout rose, vu le manipulateur qu'il est", commente cette source.
Cette affaire hors norme a inspiré un livre, "L'adversaire" d'Emmanuel Carrère (2000), et deux films: "L'emploi du temps" de Laurent Cantet (2001) et "L'adversaire" de Nicole Garcia (2002).
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