Pour son premier grand entretien télévisé depuis qu'il a succédé à Raul Castro en avril, le dirigeant de 58 ans s'est montré partisan d'une ligne ferme face au voisin nord-américain mais a reconnu le besoin d'"actualiser le modèle économique" du pays.
Les relations entre La Havane et Washington "sont en recul" depuis l'arrivée de Donald Trump à la Maison Blanche, a reconnu M. Diaz-Canel sur la chaîne latino-américaine Telesur.
"Nous maintenons encore des voies de dialogue et notre position est de ne rejeter à aucun moment les possibilités de dialogue, mais cela doit se faire entre égaux, on doit nous respecter et ne pas conditionner notre souveraineté", a-t-il affirmé.
"Si le gouvernement des Etats-Unis garde cette attitude aberrante, il n'y a pas de dialogue (...). Il faudrait demander au président américain s'il veut dialoguer avec Cuba et cela ne peut pas se faire depuis une position toute-puissante", car "nous ne sommes pas disposés à faire des concessions sur les principes".
"Une menace pour personne"
Cuba et les Etats-Unis avaient rétabli leurs relations en juillet 2015 après plus de 50 ans de rupture, mais le Congrès américain avait maintenu l'embargo économique en vigueur depuis 1962, contre la volonté du président à l'époque, Barack Obama.
L'arrivée de Donald Trump a ensuite marqué un nouveau coup de froid avec le rétablissement de sanctions en novembre 2017 puis un épisode, encore non-élucidé, d'"incidents de santé" qu'auraient subi des diplomates américains à Cuba, entraînant la réduction du personnel des Etats-Unis présent à La Havane.
"Nous n'avons attaqué personne!", a clamé dimanche Miguel Diaz-Canel, rejetant aussi toute possible implication de la Russie, évoquée par certains journaux: "C'est impossible, nous avons trop d'éthique pour demander à quelqu'un d'attaquer un autre".
Le président a réaffirmé par ailleurs que l'embargo avait des effets désastreux pour l'île.
"Le principal obstacle au développement de l'île est l'embargo imposé par les Etats-Unis. C'est une pratique brutale, un crime contre l'humanité contre un peuple. C'est un peuple condamné à mourir de faim", a-t-il dénoncé.
"Nous voulons vivre dans des conditions normales pour un pays" car "nous ne sommes une menace pour personne".
Depuis sa mise en place en 1962, "à prix courants, le blocus a provoqué des préjudices quantifiables à plus de 134,499 milliards de dollars" pour l'économie cubaine, avait calculé fin août le ministère des Affaires étrangères.
Raul, "comme un père"
Le président Diaz-Canel a admis qu'il fallait "actualiser notre modèle économique et social en tenant en compte du contexte de l'embargo", alors que les Cubains ont commencé mi-août à débattre du projet de nouvelle Constitution qui reconnaît le rôle du marché et de l'activité privée dans l'économie de l'île.
La suppression, dans le texte, de la référence à la future "société communiste" avait fait parler au moment de sa présentation, mais dimanche, le dirigeant a assuré que c'était un changement insignifiant: "je ne vois pas ça comme un renoncement" au communisme.
"Le communisme et le socialisme sont intimement liés. N'importe lequel de ces deux termes implique l'autre", a-t-il insisté.
Il a affirmé, pour la première fois, son soutien au mariage homosexuel, inclus dans le projet de nouvelle Constitution mais combattu par l'Eglise catholique.
"Je suis d'accord, moi je pense que le fait de reconnaître le mariage entre les personnes, sans limitations, répond au problème d'éliminer tout type de discrimination dans la société", a-t-il déclaré.
Premier président de Cuba depuis près de 60 ans à n'avoir pas participé à la révolution castriste, Miguel Diaz-Canel a assuré parler avec Raul Castro, premier secrétaire du Parti communiste cubain, "pratiquement tous les jours. Raul est attentif à l'intensité avec laquelle je travaille, attentif à tout ce qui se fait, demande des informations sur les choses que nous proposons, participe à des réunions et débats".
"J'ai toujours l'impression qu'il est comme un père qui me guide et qui me laisse marcher", a-t-il confié.
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