Les eaux du ruisseau Contentnea approchent dangereusement du petit pont permettant d'accéder depuis l'ouest à cette paisible communauté rurale de 2.500 âmes. Cet accès sera certainement coupé lorsque l'affluent de la rivière Neuse atteindra son plus haut niveau, probablement mercredi, gonflé par les pluies diluviennes apportées par Florence, rétrogradé depuis en tempête tropicale.
Il a déjà commencé à déborder par endroits et les services de secours sont déjà au travail. "Les gens qui devaient évacuer ont été évacués. Nous continuons à patrouiller la zone, mais les gens ont déjà dû faire face à l'ouragan Matthew et savent à quoi s'attendre", explique à l'AFP le chef des pompiers de Grifton, Justin Johnson.
Matthew avait touché terre en Floride en 2016, avant de remonter lentement le long de la côte est américaine, prenant par surprise plusieurs Etats peu préparés à faire face aux inondations, dont la Caroline du Nord, où il avait fait 26 morts.
Les autorités locales ont cette fois fait appel à la Garde nationale pour venir leur prêter main-forte dans leurs opérations de secours. Le sergent John Brandt et son équipe ont ainsi été déployés à Grifton, où ils campent depuis plusieurs jours dans une pièce de la caserne des pompiers.
'On ne pouvait aller nulle part'
"La plupart des pompiers sont des bénévoles, mais leur professionnalisme est incroyable, ils sont très bien préparés. C'est une bonne chose pour la Caroline du Nord de pouvoir compter sur toutes ces ressources afin que le nombre de victimes soit aussi bas que possible", confie le Sergent John Brandt depuis la cabine climatisée du camion d'intervention à bord duquel il est parti en reconnaissance.
L'ouragan a fait au moins 15 morts selon les autorités, dix en Caroline du Nord et cinq en Caroline du Sud.
"Vous pouviez encore passer ici hier (samedi)", relève-t-il devant une route couverte d'eau, d'où dépassent une boîte à lettres et le sommet des croix d'un cimetière. Un peu plus loin, des maisonnettes préfabriquées semblent abandonnées au bord du ruisseau. "Beaucoup de ces logements ont été achetés par la Fema (Agence fédérale de gestion des situations d'urgence) et devaient être détruits dans les deux prochaines semaines", poursuit le Sergent Brandt derrière son volant.
Les réservistes de la Garde nationale, en attendant le gros des inondations, apportent une présence rassurante à la population, qui s'est montrée "très coopérative" selon lui.
Plus encore que le souvenir de l'ouragan Matthew, c'est celui de Floyd, en 1999, qui maintient Denise Harper et les habitants de Grifton sur leurs gardes. "Beaucoup de gens ont déjà évacué. C'est inquiétant de voir l'eau monter petit à petit. Nous étions isolés après Floyd, on ne pouvait aller nulle part, il y avait de l'eau partout. L'armée a dû venir nous ravitailler", se souvient cette infirmière.
Un couvre-feu a été mis en place entre 21H00 et 06H00 afin de minimiser les risques la nuit, mais à en croire Billy Ray Jackson, maire du village depuis 13 ans, ces précautions ne sont pas toujours suffisantes.
"Vous pouvez déclarer des évacuations obligatoires ou des couvre-feu, le problème est de les faire respecter, regrette-t-il. Il y a toujours des gens qui pensent pouvoir les ignorer. Et ce sont les premiers à appeler à l'aide en cas de problème, mettant la vie d'autres personnes en danger".
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