A l'abri de la pluie sous le porche de l'imposante demeure familiale, Laurie Eudy, de la "quatrième génération" à occuper les lieux, prend enfin le temps de mettre à jour son journal. "Il y a beaucoup de choses à écrire", confie-t-elle.
Une grappe de mots se dégage de son écriture soignée à la date du vendredi 14 septembre: "Quelle aventure !" Elle raconte avoir entendu un "gros bruit" en pleine nuit lorsque les eaux de la rivière Neuse ont déferlé dans la rue: "J'ai d'abord pensé à un arbre, mais quand j'ai ouvert la porte, j'ai vu que c'était un bateau qui cognait à l'avant de la maison".
Son mari et son beau-frère ont enfilé un gilet de sauvetage pour aller, de l'eau jusqu'aux hanches, repousser ce visiteur indésirable. Surélevée, la maison a été relativement épargnée. Le drapeau américain, retiré l'espace de quelques heures par crainte des bourrasques, y flotte à nouveau dignement. Mais la mère de famille craint être privée d'électricité "pendant au moins deux semaines".
Quelques rues plus loin, dans le même quartier cossu au bord de l'eau, un énorme ventilateur métallique, alimenté par un générateur, ronronne dans la maison coloniale des parents de Bill Ward. "Elle a été construite en 1772", annonce-t-il fièrement. "Et de ce que l'on sait, elle n'avait encore jamais été inondée auparavant".
La marée de tempête provoquée par l'ouragan Florence s'est retirée à New Bern presque aussi vite qu'elle est arrivée, et malgré la pluie qui a continué samedi de s'abattre en abondance sur la région, cet avocat estime que le pire est derrière: "Il est temps désormais de sécher et de nettoyer".
Matelas et canapés sur le trottoir
De l'autre côté de la ville, située à la confluence des rivières Neuse et Trent, et où plusieurs centaines de personnes ont été secourues, des gardes nationaux en treillis font le tour d'une communauté défavorisée pour apporter leur aide.
"Besoin de quelque chose?", demande l'un d'eux à la ronde. "D'électricité!", répond une jeune femme, l'air las, sur son perron.
Clint Hawkins et Jenny Baras, eux, acceptent volontiers un carton de bouteilles d'eau et de nourriture. Ils n'imaginaient pas vivre un tel "cauchemar" lorsqu'ils ont quitté New York et son climat continental pour la Caroline du Nord.
"C'est notre premier ouragan", témoigne Jenny. "Les vents ont été assez puissants, plusieurs branches sont tombées. Mais c'est surtout les inondations qui nous ont affectés. L'eau a commencé à monter avant même l'arrivée de l'ouragan".
Elle montre les photos prises la veille avec son téléphone portable: "Vous voyez la voiture rouge là-bas? Elle était complètement recouverte d'eau".
De nombreux déchets et débris couvrent le sol autour de son modeste pavillon de brique rouge. Des voisins ont abandonné matelas et canapés détrempés sur le trottoir, mais le jeune couple a eu le temps de tout monter à l'étage avant l'arrivée des eaux.
"On attend maintenant le retour de l'électricité pour pouvoir commencer à nettoyer en profondeur", relève Clint. "On ne peut pas trop rester à l'intérieur pour le moment, l'odeur est insupportable".
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