"Pour nous, ce n'est vraiment pas supportable", lance d'emblée Kévin-Émeric Théry, membre du Réseau solidarité migrant (RSM). Avec les autres associations des États généraux des migrations, ils donnent l'alerte. Les Mineurs non accompagnés (MNA), bien souvent des étrangers, attendent désormais plus de cinq semaines pour obtenir un rendez-vous qui doit permettre d'évaluer s'ils sont mineurs ou non, et donc s'ils peuvent ensuite être pris en charge par l'Aide sociale à l'enfance (ASE), un service qui dépend du Conseil départemental. Le délai prévu par la loi est pourtant de cinq jours. Le problème, le service d'évaluation des mineurs non accompagnés à Petit-Quevilly (Seine-Maritime) qui est débordé, étant le seul centre pour tout le département de Seine-Maritime.
Dans l'intervalle, les MNA n'ont droit à rien. "Ce sont des enfants, souvent malades, qui ont aussi toute la fragilité du passé au pays, de la traversée qui est éprouvante. Ce n'est pas acceptable", explique le bénévole. Faute de mieux à Rouen, des maraudes ont été organisées par les associations pour récupérer ces mineurs qui dormaient sous des ponts et les héberger au Hameau des brouettes, ce bâtiment squatté depuis le mois de mai 2018 pour héberger les sans-abri et les migrants. Mais comme le lieu affiche complet, les jeunes gens sont dans des tentes dans ce qui faisait encore office de salle commune il y a quelques jours. C'est le cas de Madibiné, 16 ans et demi, qui est arrivé du Mali il y a quelques jours. "J'ai voulu prendre un rendez-vous lundi (10 septembre), ils m'ont donné rendez-vous pour le mercredi 17 octobre 2018. C'est long, je ne peux pas m'installer", explique-t-il.
Après son voyage éprouvant, il s'attendait pourtant à un autre accueil. "On m'avait dit que quand on était mineur, on n'avait plus à s'inquiéter ici. Je suis maintenant en difficulté et je ne sais plus quoi faire".
Le squat, mieux que la rue
Même discours pour Mohamed qui a fait un long et compliqué voyage depuis la Guinée en passant par le Mali, l'Algérie, le Maroc, Andorre, puis l'Espagne et enfin la France, après avoir perdu ses parents. Lui est arrivé le samedi 28 juillet 2018 à Rouen et n'a obtenu un rendez-vous qu'un mois plus tard pour que sa minorité soit évaluée. Mais les services ont estimé qu'il était majeur et ne devait donc pas être pris en charge. "J'attends que l'on fasse un recours en justice", explique-t-il sans trop y croire. "Cela fait un mois et demi que je dormais sous un pont, il commence à faire froid", ajoute-t-il. Depuis le début de semaine, il dort au Hameau des Brouettes avec au moins un toit au-dessus de la tête et une certaine sécurité que ne peut pas apporter la rue. "Il nous donne aussi à manger ici", raconte-t-il.
De leur côté, les associations attendent que la loi soit respectée et ne souhaitent plus se "substituer au devoir de l'État et du Département".
À partir du samedi 13 octobre 2018, le Hameau des brouettes qui appartient à la ville, pourra être officiellement évacué. 170 personnes y vivent désormais. Aucune solution alternative n'a encore été trouvée.
Contactés par notre rédaction, les services du Département n'ont pas encore donné suite à notre demande, vendredi 14 septembre en fin d'après-midi.
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