Europe, Asie, Amériques, Afrique et Océanie sont représentés au Sommet mondial pour l'action climatique qui a commencé mercredi et rassemble le plus grand nombre de maires, gouverneurs et responsables territoriaux jamais vu sur le thème du climat.
Dans ce sommet policé à la tonalité volontariste, la voix de l'acteur américain Harrison Ford a tranché jeudi par son alarmisme.
"Arrêtons pour l'amour de Dieu de dénigrer la science! Arrêtons de donner le pouvoir à ceux qui ne croient pas à la science ou prétendent de ne pas y croire par intérêt", a-t-il lancé dans un discours enflammé devant des milliers de délégués, dans le centre de San Francisco. "C'est la plus grande crise morale de notre temps".
La Chine a envoyé la plus grande délégation du rassemblement, selon Jerry Brown, gouverneur de Californie. Xie Zhenhua, négociateur pour le climat, a répété jeudi devant les délégués que le pays atteindrait son pic d'émissions avant 2030.
Ce pic a déjà été atteint il y a dix ans par les Etats-Unis, deuxième pollueur mondial, ainsi que par l'Europe auparavant.
Vingt-sept grandes villes européennes et nord-américaines, dont Londres, Paris et New York, sont sur la pente descendante depuis au moins cinq ans, selon une annonce faite jeudi au sommet.
La centaine de grandes villes du club C40, présidé par la maire de Paris Anne Hidalgo, s'est engagée à être totalement neutre en carbone en 2050, et si possible avant --Copenhague veut être la première, dans sept ans.
Los Angeles a promis d'éliminer le charbon d'ici 2025, avant d'éliminer complètement le carbone de son économie. "Le nouveau seuil est effectivement d'arriver à un bilan carbone neutre", dit Eric Garcetti, le maire.
"Ce serait une erreur de ne se fixer des objectifs qu'à deux ou trois ans", dit à l'AFP le maire de Milan, Giuseppe Sala. "Il faut s'engager sur zéro, même si c'est loin".
Trump "criminel"
Parvenir à un bilan carbone neutre est une gageure. Il faut non seulement des centrales produisant une électricité propre à partir d'énergies renouvelables ou nucléaire, mais aussi convertir l'ensemble des voitures et camions à des moteurs électriques ou à hydrogène. Sans compter les usines, le chauffage des bâtiments, les déchets...
L'objectif zéro carbone était encore une utopie il y a quelques années, "c'était marginal même dans les cercles progressistes", analyse Oras Tynkkynen, ancien parlementaire vert finlandais. "Aujourd'hui ce but est une réalité en Californie, et dans de plus en plus de villes et même de pays".
La raison d'être du rassemblement est de sauver l'accord de Paris de 2015. Si les Etats-Unis de Donald Trump sont les seuls à en avoir annoncé leur sortie, les autres pays membres ont adopté des engagements insuffisants pour limiter la hausse de la température du globe à un niveau non dangereux.
D'où l'avalanche d'engagements non-étatiques, pour accentuer la pression sur les dirigeants mondiaux.
Tokyo, Séoul, Rotterdam ont rejoint jeudi Paris, Londres, Barcelone, Mexico et d'autres pour s'engager à 100% de bus sans émissions de dioxyde de carbone en 2025, et à réduire à zéro les émissions de voitures sur une "zone majeure" de leurs territoires d'ici 2030.
Le club C40 vise aussi le "zéro déchet" dans quelques décennies, avec un objectif de recyclage ou compostage de 70% d'ici 2030.
Plusieurs multinationales participent au sommet coorganisé par le milliardaire philanthrope du climat Michael Bloomberg. Au cri de "Notre planète n'est pas à vendre", des manifestants ont perturbé le sommet jeudi, bloquant l'accès des délégués et interrompant le discours de M. Bloomberg.
"Je ne fais aucune confiance aux grandes entreprises pour défendre l'intérêt général", dit une manifestante, Keyla.
L'ombre de Donald Trump pèse sur le rassemblement, même si nombre de leaders clament que ses décisions environnementales n'arrêteront pas le progrès.
"Cela vire non seulement à la folie, mais au crime", a lâché Jerry Brown. "Menteur, criminel, imbécile, je vous laisse choisir le bon mot".
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