Ce vendredi, la ville toute entière est invitée à respecter une minute de silence à 11H36 (09H36 GMT), puis à se réunir à 17H30 (15H30 GMT) pour rendre hommage aux 43 morts et aux dizaines de blessés.
"Ce jour-là, j'étais chez moi, je dormais, car je travaille de nuit. A 11H36 (...) j'ai entendu un très grand bruit. Je n'aurais jamais pensé que cela puisse être le pont. Il y avait de l'orage, j'ai pensé à un coup de tonnerre ou peut-être à un tremblement de terre", se souvient Giovanni Genco.
Avec sa femme, sa fille de 16 ans et ses beaux-parents, il fait partie des plus de 500 évacués de la "zone rouge", située sous ce qui reste du pont et condamnée par les opérations de destruction prévues.
Il n'est retourné chez lui qu'une seule fois, pour récupérer quelques affaires. "J'irai avec ma famille saluer l'appartement et puis basta", dit-il les larmes aux yeux, en soulignant que Autostrade per l'Italia --le gestionnaire du pont-- a "détruit 20 ans de leur vie" car cet appartement représentait "tout" pour eux.
Cet ouvrier de la sidérurgie de 50 ans espère pouvoir louer rapidement un appartement dans le quartier. "J'ai grandi ici, j'y ai mes amis, le club de foot où je joue, tout".
"Ils nous disent de pleurer"
Chaque jour, de nombreux "évacués" se retrouvent dans des tentes improvisées rue Fillak: quelques chaises, des tables, un frigo. Ils mangent ensemble, parlent, pour garder le lien et surtout le moral.
"On va tous voir le psychologue. Parce ça ne va pas. Ils nous font parler, ils nous disent de pleurer, c'est un exutoire", souligne Liliana Morando, 90 ans.
Avec ses deux filles, elle a trouvé refuge chez des amis. "On attend qu'ils nous donnent un logement" provisoire, avant que les Autostrade nous paient une nouvelle maison, explique-t-elle.
Selene Parisi, une des bénévoles qui vient les aider, souligne qu'au début, l'ambiance était à "l'incrédulité, au désespoir. Maintenant je pense que commence à percer un peu de colère, et une grande fatigue".
Elle qui a perdu deux membres de sa famille dans la tragédie ne veut plus rester chez elle: "Le bruit (du chantier) résonne terriblement".
"Ici, rien ne sera plus comme avant", dit-elle, en soulignant que ce point de rencontre c'est "comme une famille": "Nous resterons ici jusqu'à ce que chacun ait obtenu ce qui lui est dû".
Un nouveau pont
Mais au-delà des habitants directement concernés, c'est toute la ville qui est touchée par le deuil et la perte de cette artère stratégique.
La construction d'un nouveau pont -- vraisemblablement selon le plan dessiné par le célèbre architecte gênois Renzo Piano -- doit débuter dans les prochains mois.
En attendant, la circulation a été complètement réorganisée. Quelques bouchons se forment aux heures de pointe mais le spectre d'une ville complètement bloquée a été évité.
En revanche, une partie de Gênes est comme séparée du reste, obligeant à d'importants détours.
Située à la limite de la "zone rouge", l'entreprise de fourniture de matériaux de construction Vergano a ainsi vu sa clientèle se réduire comme peau de chagrin.
"On est à zéro (...). Très peu de gens viennent. Je ne sais pas comment ça va finir", se désole Giuseppe Celestri, un employé de 64 ans.
L'aquarium de Gênes, le plus grand d'Europe, a vu sa fréquentation s'effondrer de 50% la deuxième quinzaine d'août, au plus fort de la saison, explique son directeur, Giorgio Bertolina.
Mais les visiteurs commencent à revenir. "Sur certains axes, l'allègement du trafic commercial, avec l'interdiction de circuler la journée pour les camions en ce moment, facilite même l'accès au centre", note-t-il.
Tout en soulignant que la ville, en "deuil", ne peut pas oublier le drame, M. Bertolina estime que Gênes "doit regarder vers l'avenir" et bâtir sur cette tragédie pour se relancer.
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