C'est une surprise qui a attiré l'attention des badauds qui passent sur la place du Vieux-Marché de Rouen (Seine-Maritime), en pleine restauration dans le cadre de l'opération "Cœur de Ville".
Les sépultures peuvent être datées vraisemblablement entre le XVIe et le XVIIIe siècle. - Pierre Durand-Gratian
Des squelettes humains ont été mis au jour lors des travaux. "C'est une petite partie du cimetière Saint-Sauveur qui a fonctionné du Moyen-Âge jusqu'à la Révolution", explique Mark Guillon, anthropologue chercheur à l'Institut national de recherches archéologique préventives (INRAP). Une demi-surprise donc puisque la majeure partie de ce cimetière a été fouillée au moment des travaux du parking souterrain et de l'église Sainte Jeanne-d'Arc dans les années 70. Mais ce bandeau, attenant aux halles du côté des ruines de l'église Saint-Sauveur n'avait manifestement pas été touché. "Ces sépultures, très bien conservées remontent plutôt aux derniers siècles de l'occupation entre le XVIe et le XVIIIe siècle", précise le spécialiste.
Le chantier de fouille ne dépassera pas une vingtaine de centimètres de profondeur. - Pierre Durand-Gratian
Jeudi 13 septembre 2018, les restes de huit personnes de cette époque, des paroissiens moyens, avaient été mis au jour. Cinq spécialistes travaillent désormais au chantier de fouille qui doit se poursuivre jusqu'au dimanche 30 septembre 2018. "Pour être clair, on va fouiller sur 20 centimètres c'est-à-dire la partie qui sera détruite dans le cadre des travaux de la Métropole, explique Mark Guillon. On n'ira pas en dessous mais il y a encore 2,50 mètres de restes. C'est environ 2000 sépultures soit 600 ans d'archéologie devant nous !"
La partie, qui n'a pas été explorée sera protégée par un géotextile et du sable avant d'être recouverte par la nouvelle dalle de béton.
"Une archéologie du commun des mortels"
Pour le professionnel passionné, aucune surprise ou éléments inattendus n'ont pour l'instant été retrouvés sur ces fouilles. "Ce sont des hommes et des femmes, modestes et moyennement aisés. On a l'accès à un petit échantillon de quelques dizaines de personnes de la paroisse à l'époque moderne. Il s'agit du commun des mortels des habitants de Rouen autour de l'église".
En tout, une vingtaine de sépultures devrait être mis au jour lors des fouilles. - Pierre Durand-Gratian
Les sépultures, les unes à côté des autres sont typiques de l'époque. "Le bois n'a pas été conservé mais on sait qu'on avait essentiellement des cercueils trapézoïdaux et des linceuls, ce qui est confirmé par les clous et les épingles que nous avons retrouvés".
Les sépultures seront prélevées une à une, puis Mark Guillon procédera à leur analyse biologique dans le laboratoire de l'INRAP de Grand-Quevilly. Elle permettra d'en apprendre plus sur le sexe de ces personnes, leur âge et peut-être même les causes de leur décès, s'il est lié à d'éventuelles pathologies.
La Métropole assure que ces fouilles ne doivent pas entraîner de retard sur la livraison du chantier.
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