"La personne qui se trouve dans cet hôtel de ville est plus importante que le locataire de la Maison Blanche", a lancé le maire démocrate de Los Angeles, Eric Garcetti, lors d'un événement à la mairie de San Francisco, ville écologique modèle qui accueille le premier Sommet mondial pour l'action climatique jusqu'à vendredi.
"Nous devons être radicaux", a déclaré la maire de Paris, Anne Hidalgo, présidente de l'alliance C40 de près de 100 grandes villes qui se sont engagées à arriver à zéro carbone d'ici 2050.
"Nous pouvons changer les choses", a-t-elle dit, énumérant les pouvoirs des villes pour l'électricité propre, les transports en commun, les déchets et le recyclage, et les normes d'isolation des bâtiments.
Le sommet, premier du genre avec plus de 4.000 délégués, s'est ouvert avec la publication d'un rapport qui devrait en réjouir certains et en alarmer d'autres, sur la trajectoire des émissions de gaz à effet de serre aux Etats-Unis.
D'un côté, l'étude montre que le pays devrait tenir les deux tiers de l'objectif fixé par Barack Obama et abandonné par Donald Trump après son arrivée au pouvoir début 2017, soit -17% d'émissions en 2025 par rapport à 2005, contre un objectif original d'au moins -26%. Le pays en est à -12% aujourd'hui.
L'autre façon de voir ce chiffre est que le pays manquera d'un tiers son objectif.
Mais le rapport souligne que de nombreux Etats américains, principalement démocrates, et des centaines de villes ont depuis 2017 redoublé leurs engagements pour "décarboniser" leurs économies depuis l'annonce, par Donald Trump, du retrait de son pays de l'accord de Paris.
Par comparaison, la Chine émet aujourd'hui un peu moins de deux fois plus de gaz à effet de serre (GES) que les Etats-Unis, et devrait continuer à en rejeter de plus en plus jusque dans les années 2020, le pays s'étant engagé à un tournant avant 2030.
L'Union européenne s'était donné un objectif de réduction des GES plus ambitieux que les Etats-Unis, et a déjà accompli davantage. En prenant les mêmes années de référence que les Américains, les émissions européennes ont baissé de 21% à ce stade par rapport à 2005, et devraient atteindre -28% en 2025, selon le Climate Action Tracker.
L'électricité "propre" connaît une croissance effrénée aux Etats-Unis, le charbon est en recul et les voitures électriques se développent --malgré l'hostilité du gouvernement Trump.
Mais le volontarisme écologique, aux Etats-Unis, est encore principalement l'apanage des démocrates, une limite du mouvement.
"C'est le moment d'agir", a dit la maire démocrate de Seattle, Jenny Durkan. Mais "il faut que le sujet devienne non partisan", a-t-elle reconnu.
Grande délégation chinoise
L'idée du sommet est de montrer concrètement que le même activisme écologique peut s'appliquer au reste du monde.
Paris, Bonn, Pékin, Le Cap, Dacca, Dubaï, Mexico, Tokyo, des villes indiennes et sud-américaines seront représentées ici, dont des dizaines de maires. Tout comme des dizaines de responsables et ministres de provinces et régions du Brésil, du Mexique, d'Inde, d'Europe...
"On vient pour partager et se voler des idées entre maires", dit à l'AFP le maire de Copenhague, Frank Jensen, qui prévoit d'arriver à zéro carbone en 2025.
Il y a aussi des patrons de multinationales jouant les fers de lance de la transition écologique et qui s'engageront à passer, en quelques années, à 100% d'électricité propre. Une centaine d'investisseurs mondiaux ont aussi annoncé mercredi vouloir réorienter leurs investissements pour soutenir des projets liés au climat.
La Chine a envoyé une délégation de 120 personnes, dont Xie Zhenhua, le négociateur climat.
Le rassemblement commence alors que l'ouragan Florence menace la côte atlantique du pays et après un été caniculaire en Europe ou au Japon, des événements météorologiques rares mais appelés à se multiplier avec le dérèglement du climat, selon les climatologues.
Le monde continue à rejeter beaucoup trop de gaz à effet de serre pour limiter à 2°C l'augmentation moyenne de la température du globe par rapport à la période préindustrielle, ce qui est l'objectif de l'accord de Paris.
La Terre est déjà plus chaude de 1°C environ et, à ce rythme, la hausse atteindra +3,2°C en 2100.
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