"Son fils Lyes, sa famille, ses proches, tous ses amis et son label Naïve, ont le regret et l'immense tristesse d'annoncer le décès de l'artiste Rachid Taha, survenu cette nuit suite à un arrêt cardiaque à son domicile des Lilas", indique le communiqué transmis mercredi à l'AFP.
"C'était un ami pour qui j'avais une grande et profonde affection. Rachid Taha était talentueux, original et généreux. C'était un artiste à la fois créatif et atypique. Il incarnait un idéal, une fraternité en actes, combative et militante. Il était l'esprit de cette France arc-en-ciel et tolérante", a réagi auprès de l'AFP l'ancien ministre de la Culture Jack Lang.
"Que de souvenirs professionnels: le succès de +Ya rayah+, le concert historique de 1,2,3 soleils et que de fêtes, de discussions et de rires jusqu'à la fin de la nuit ! Quelle tristesse ..! RIP l'ami", a pour sa part écrit le producteur Pascal Nègre sur Twitter.
"Rachid Taha était un grand artiste, mon ami et mon frère, il sera dans mon cœur pour la vie", a twitté le chanteur Axel Bauer.
Taha était une des personnalités fortes et attachantes de la scène rock hexagonale dès ses débuts en 1981 avec Carte de Séjour, qu'il avait formé à Lyon avec quatre autres musiciens et dont il était le charismatique leader.
Si musicalement Carte de séjour s'était démarqué en réussissant la fusion entre raï et rock - une démarche artistique que ne cessera d'avoir Taha par la suite, mélangeant, sons moyen-orientaux avec musiques world, funk ou encore techno -, le groupe était très engagé dans sa prose. Au point de devenir un porte-drapeau de la communauté française d'origine maghrébine de seconde génération.
"Algérien pour toujours, Français tous les jours"
Né en Algérie, près d'Oran, et arrivé en France à 10 ans, il était encore ouvrier quand il se lança dans l'aventure Carte de Séjour. Incarnant la génération "beur", le groupe participa notamment à la fameuse Marche pour l'égalité et contre le racisme en 1983.
Une chanson illustra l'engagement qui caractérisa Taha jusqu'au bout. "Douce France" (1986), que Charles Trénet créa en 1943 pour soutenir les expatriés de force durant la Seconde Guerre mondiale, Taha en fit l'hymne d'une jeunesse française métissée et tolérante.
Pour lutter contre les lois "Pasqua" visant à réguler l'immigration, Carte de Séjour alla jusqu'à distribuer ce single aux députés à l'Assemblée nationale. Cette chanson fut aussi celle des meetings de la campagne présidentielle de François Mitterrand en 1988.
En solo à partir de 1989, Taha, qui a grandi avec le punk et le rock, ne cessa par la suite d'y rester fidèle, tout en les infusant de musique orientale, comme avec sa reprise de "Rock the Casbah" (2004) du Clash.
Il renoua avec le succès avec "Voilà, voilà" en 1993, un titre fustigeant le retour de la montée des extrêmes dans la "Douce France".
"Étranger, tu es la cause de nos problèmes/Moi je croyais qu'c'était fini/Mais non, mais non, ce n'était qu'un répit", chantait celui qui conserva sa "carte de séjour" jusqu'à la fin et s'en amusait dans son autobiographie "Rock la Casbah" (2008) en écrivant "Algérien pour toujours et Français tous les jours".
L'Algérie et le chaâbi, Taha lui donna une exposition hors du monde arabe avec sa reprise en 1997 d'une de ses chansons les plus populaires "Al Rayah", immortalisée avant lui par Dahman El Harrachi. Un an plus tard, il remplissait Bercy avec Khaled et Faudel pour le spectacle "1,2,3 Soleils".
En 2016, Rachid Taha reçut une Victoire de la musique pour l'ensemble de sa carrière, avant de créer le projet CousCous Clan avec Rodolphe Burger. Il s'apprêtait à sortir chez Believe un nouvel album, dont le premier single devait s'intituler "Je suis africain".
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