Le Sommet mondial pour l'action climatique est le premier du genre et les responsables gouvernementaux n'en sont pas les têtes d'affiche.
Paris, Bonn, Pékin, Le Cap, Mexico, Tokyo, des villes indiennes, de multiples régions de plusieurs continents ainsi que des Etats américains gouvernés par des démocrates seront représentés à divers niveaux pendant les trois jours du sommet, aux côtés de patrons de multinationales désireux d'annoncer de nouveaux engagements "verts": passer à l'électricité propre, développer les voitures électriques, mieux isoler les bâtiments, encourager le recyclage, limiter la déforestation...
Le rassemblement vise à exposer les lacunes des engagements nationaux de réduction des émissions de gaz à effet de serre et démontrer comment des villes et des régions modèles peuvent combler --partiellement-- le fossé.
"Depuis l'accord de Paris, il y a beaucoup de recul", dit à l'AFP Ségolène Royal, ancienne ministre française de l'Environnement, en pointant du doigt par exemple l'Australie et l'Allemagne mais en déplorant aussi le "ralentissement de la dynamique de transition écologique" en France.
Le monde continue à rejeter dans l'atmosphère beaucoup trop de gaz à effet de serre pour limiter à 2°C l'augmentation moyenne de la température du globe par rapport à la période précédant la révolution industrielle de la fin du XIXe siècle, ce qui est l'objectif de l'accord de Paris signé fin 2015.
La Terre est déjà plus chaude de 1°C environ et, à ce rythme, la hausse atteindra +3,2°C à la fin du siècle.
Les Etats-Unis et l'Union européenne réduisent certes leurs émissions, mais pas assez vite. Le premier pollueur terrestre, la Chine, en rejette de plus en plus, tout comme l'Asie en général qui se repose encore très majoritairement sur le charbon, le pétrole et le gaz naturel.
Tous ces pays sont censés revoir à la hausse leurs engagements en 2020, point d'étape prévu par l'accord de Paris. Mais les gouvernements peinent à s'accorder ne serait-ce que sur la méthode, comme en témoigne l'impasse des réunions de la semaine dernière à Bangkok.
"Si nous ne changeons pas d'orientation d'ici 2020, nous risquons (...) des conséquences désastreuses", a lancé lundi dans un discours alarmiste le patron de l'ONU, Antonio Guterres.
Les Etats-Unis en retard
Le sommet est accueilli par le gouverneur de Californie Jerry Brown et coprésidé par plusieurs personnalités dont le milliardaire Michael Bloomberg, le négociateur chinois pour le climat Xie Zhenhua ou encore Patricia Espinosa, secrétaire exécutive de la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques.
Jerry Brown et ses prédécesseurs ont fait de la Californie une vitrine de ce qu'un Etat fédéré peut, aux Etats-Unis, accomplir. Il vient de signer une loi pour que 100% de l'électricité californienne soit d'origine renouvelable en 2045, le second Etat américain à le faire après le petit Hawaï.
"J'espère que la France et l'Allemagne relèveront aussi leurs ambitions car nous devons tous en faire davantage", a dit Jerry Brown à l'AFP.
L'ancien président Barack Obama avait fixé comme objectif une réduction des émissions américaines d'au moins 26% en 2025, par rapport à 2005.
Les Etats-Unis en sont actuellement à -12%, et aucune étude ne prévoit qu'ils atteignent le chiffre initial, a fortiori après que Donald Trump a engagé l'annulation de normes antipollution pour les centrales au charbon et les voitures.
Mais les initiatives locales, au niveau des Etats et des villes, peuvent combler une partie du désengagement fédéral. Comme la Californie, des Etats se sont fixé divers objectifs sur l'électricité ou les transports.
Au niveau de la planète, le compte n'y est pas non plus. Mais un tournant est espéré dans la prochaine décennie.
Les analystes de Carbon Tracker estiment dans un rapport publié mardi qu'au rythme effréné actuel de croissance des énergies solaires et éoliennes dans le monde, le pic de production des énergies fossiles --autrement dit le début de la fin-- arrivera aux alentours de 2023 et, en tout cas, dans les années 2020.
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