C'est le quatrième, et dernier exercice du genre pour Jean-Claude Juncker. Dans un an, en septembre 2019, le nouveau Parlement élu devrait être occupé au processus de sélection d'un nouvel exécutif européen.
Mais le porte-parole en chef de la Commission, Margaritis Schinas, a prévenu dès la fin août que le président ne comptait pas se lancer dans l'énonciation de son "testament".
"Pour la dernière ligne droite, nous sommes déterminés à suivre une règle d'or en politique: quand vous avez un mandat politique, vous commencez fort et vous finissez fort", expliquait-il.
Le mandat du Luxembourgeois, qui se termine officiellement le 31 octobre 2019, avait commencé en pleine crise de la dette grecque, héritage de la crise économique et financière mondiale. Depuis, les défis se sont multipliés.
La crise migratoire de 2015 a mis en lumière les faiblesses de la réglementation européenne sur l'asile. Elle fait peser une responsabilité disproportionnée pèse sur les pays de première arrivée comme l'Italie, la Grèce ou l'Espagne.
Les mouvements souverainistes, nationalistes et populistes qui gagnent en importance ont multiplié les attaques contre les ratés de la politique migratoire. Ils ont réussi à s'arrimer au pouvoir en Pologne ou en Hongrie, mais aussi en Italie et en Autriche.
"La crise que l'on ressent, c'est la crise du sentiment d'appartenir ensemble", a résumé l'eurodéputé Philippe Lamberts, co-président du groupe des Verts au Parlement.
S'il fallait inclure "tout ce qui a été suggéré" pour la fin de son mandat, le discours de Jean-Claude Juncker pourrait atteindre une durée digne des discours des frères Castro, a-t-il ironisé.
"Nous insisterons pour obtenir une réponse claire aux crises. 'Business as usual' n'est pas une option", a prévenu le président du groupe des sociaux-démocrates, Udo Bullmann, à la veille du discours.
Renforcer les garde-frontières
En cette rentrée, la Commission est très attendue sur le renforcement de l'agence européenne Frontex et le déploiement de 10.000 garde-frontières après 2020, des initiatives qu'elle avait promis de préciser en septembre.
Sur la question migratoire, les dirigeants européens se sont accordés lors de leur sommet fin juin à Bruxelles sur de nouvelles stratégies: accélération des retours vers les pays d'origine pour ceux qui ne sont pas éligibles à une protection internationale, approfondissement des relations avec l'Afrique, et pas seulement au travers de l'aide au développement.
À la Commission désormais de les traduire en propositions législatives.
Le contexte international est aussi devenu plus imprévisible, face à l'Amérique d'un Donald Trump tempétueux, partisan du protectionnisme économique et qui remet régulièrement en cause le multilatéralisme.
À l'inverse, l'Union européenne de Jean-Claude Juncker veut se montrer "ouverte", à la recherche de nouveaux accords de libre-échange comme celui conclu avec le Japon.
Le président de la Commission doit aussi préparer le départ attendu du Royaume-Uni, fin mars.
S'il s'est efforcé de laisser la direction des discussions au négociateur en chef de l'UE Michel Barnier, il pourra difficilement éluder le sujet, alors que le débat s'intensifie en particulier sur la nature de la future relation entre Bruxelles et Londres.
Enfin, à huit mois des élections européennes, la Commission s'inquiète de se prémunir des menaces de désinformation ou de manipulations qui ont pesé sur d'autres scrutins majeurs dans le monde.
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