Alors que le défilé doit s'élancer sur l'avenue Diagonal à 17H14 (15H14 GMT), en commémoration de la prise de Barcelone le 11 septembre 1714 par les troupes du roi Felipe V qui supprima l'autonomie de la région, les militants, drapeau indépendantiste sur les épaules, commençaient à affluer dans la métropole catalane.
"On ne peut pas ignorer tant de gens. Cette manifestation réclame le droit de décider et la liberté des prisonniers politiques", a dit Pol Solá, jeune doctorant en biologie promenant deux chiens arborant chacun un foulard indépendantiste autour du cou.
La demande de libération des dirigeants séparatistes incarcérés et le retour de ceux ayant fui à l'étranger pour leur rôle dans la tentative de sécession est au centre de cette marche. Treize leaders catalans, dont l'ancien président régional Carles Puigdemont, sont accusés de rébellion, ce qui pourrait leur valoir jusqu'à 25 ans de prison.
Le camp indépendantiste va chercher à prouver qu'il reste puissant près d'un an après le référendum illégal d'autodétermination du 1er octobre 2017 et la vaine déclaration d'indépendance du 27 qui avait entraîné la mise sous tutelle de la Catalogne par Madrid.
"Les indépendantistes vont descendre dans la rue et démontrer qu'ils sont la force politique organisée la plus importante" de Catalogne mais "il n'y a pas de message clair" contrairement à l'an dernier, estime Oriol Bartomeus, politologue à l'Université autonome de Barcelone.
Divisions
La "Diada" est utilisée depuis 2012 par les séparatistes pour réclamer l'indépendance de la riche région du nord-est de l'Espagne où la question divise fortement. Selon un dernier sondage publié en juillet par un institut dépendant du gouvernement régional, 46,7% des Catalans sont favorables à l'indépendance et 44,9% opposés.
Les indépendantistes, qui contrôlent le parlement catalan, ont remporté les dernières élections de fin décembre avec 47,5% des voix.
"Un jour comme aujourd'hui, nous les Catalans devrions célébrer notre fête nationale et non seulement un appel à l'indépendance qui est partagé par moins de la moitié de la population", a regretté depuis Strasbourg, le ministre espagnol des Affaires Etrangères, Josep Borrell, lui-même catalan.
"Aujourd'hui, plus de la moitié de la Catalogne ne peut rien célébrer", a abondé Ines Arrimadas, numéro un en Catalogne du parti de centre-droit et anti-indépendantiste Ciudadanos.
Les divisions sont également présentes au sein même du camp indépendantiste entre les plus modérés du parti Esquerra Republicana (ERC), qui veulent abandonner la voie unilatérale, et les plus radicaux.
"Si un indépendantiste est assez ingénu ou stupide pour croire qu'il peut imposer l'indépendance à 50% des Catalans qui ne le sont pas (indépendantistes), il est évident qu'il se trompe", a souligné la semaine dernière Joan Tardá, député d'ERC.
Autonomie contre autodétermination
Le discours radical du président régional Quim Torra - choisi par Carles Puigdemont qui continue à tirer les ficelles de la politique catalane depuis la Belgique - s'est pour l'instant limité à des effets de manche.
"Notre gouvernement s'est engagé à rendre la République effective (...) Le peuple (catalan) est un peuple qui se sent libre et veut être libre. Et qui a décidé d'être maître de son destin", a-t-il déclaré lundi.
Quim Torra exige du gouvernement central l'organisation d'un référendum d'autodétermination et assure que si Madrid continue à refuser, il ne renoncera à "aucune voie" pour mener la Catalogne à l'indépendance.
Mais tout acte unilatéral obligerait presque certainement Madrid à reprendre le contrôle de la région comme l'a fait en octobre dernier le gouvernement du conservateur Mariano Rajoy.
Son successeur, le socialiste Pedro Sanchez, au pouvoir depuis le 1er juin notamment grâce aux voix des indépendantistes catalans, a, lui, repris le dialogue et proposé la tenue d'un référendum sur plus d'autonomie pour la région. Une offre rejetée par Quim Torra.
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