Le ministre brésilien de l'Environnement Edson Duarte a déclaré à l'ouverture que "l'heure était venue d'avancer, pas de reculer", avant de rappeler à ses délégués leur "devoir de donner une impulsion décisive en direction de la préservation des cétacés".
Le nouveau président de la CBI, le Japonais Joji Morishita, estime que cette rencontre pourrait être déterminante pour l'avenir de cet organisme, composé de 89 pays membres, profondément divisé entre partisans (Japon, Norvège, Islande et leurs alliés) et opposants à la chasse aux cétacés.
M. Morishita a déclaré à l'AFP vouloir "changer de modèle, pour passer du rejet mutuel au respect mutuel".
"Notre défi lors de cette réunion est de savoir si nous pouvons concilier les deux différentes positions ou bien trouver une façon d'être en accord ou en désaccord tout en regardant vers l'avenir, plutôt que de passer notre temps à nous disputer", a-t-il déclaré avant l'ouverture de la session à Florianopolis, paradis des surfeurs situé dans le sud du Brésil.
Pourtant, comme à chaque session de la CBI, seul organe de gestion des grands cétacés, les dissensions s'annoncent très fortes entre les deux camps.
"Cette réunion s'annonce cruciale", a estimé Patrick Ramage, chargé des cétacés au Fonds international pour la protection des animaux (Ifaw en anglais).
Le Japon est signataire du moratoire de la CBI sur la chasse aux baleines, qui date de 1986, mais il affirme la pratiquer pour effectuer des recherches, près de ses côtes dans le Pacifique ainsi que dans l'Antarctique, même si une grande partie de la viande est ensuite écoulée sur le marché.
La Norvège et l'Islande sont les seuls pays au monde à pratiquer ouvertement la chasse commerciale. Tokyo, de son côté, tente de prouver que la population de baleines est assez importante pour supporter une reprise de la chasse commerciale.
Alors que les énormes nuages d'eau provenant du souffle des baleines sont visibles depuis les hôtels de délégués, dans la baie de Florianopolis, le pays hôte, le Brésil, et le Japon vont présenter deux textes diamétralement opposés.
- Pollution sonore -
Le document porté par les Japonais propose de créer un "comité de la chasse à la baleine durable" pour les pays souhaitant s'adonner à cette activité dans un but commercial. Les nations protectrices des cétacés, tels l'Union européenne, l'Australie et la Nouvelle-Zélande sont déterminées à les en empêcher.
De son côté, le Brésil essaye de rassembler les anti-chasse derrière la "déclaration de Florianopolis" qui considère que cette activité ne se justifie plus économiquement, la consommation de chair de baleine ayant considérablement diminué. L'arrêt de la chasse permettrait en outre à la population des cétacés dans le monde de revenir à des niveaux équivalents à l'ère pré-industrielle.
Le pays hôte veut également étendre la zone de protection des baleines, actuellement limitée aux océans Indien et Austral, à tout l'Atlantique Sud.
"La proposition du Japon est hasardeuse d'un point de vue procédural et elle ramènerait la Commission baleinière internationale à une époque où elle présidait d'insupportables opérations de chasse", a déclaré Leigh Henry, du Fonds mondial pour la nature WWF.
La pollution sonore sous-marine, les chocs avec les navires, le changement climatique figurent parmi les autres sujets majeurs qui doivent être abordés durant cette semaine au Brésil.
La réunion de la CBI se tient jusqu'à vendredi. Les décisions y sont adoptées à la majorité des trois quarts mais le Japon milite pour un changement de règle, qui permettrait un vote à la majorité simple.
La consommation de baleine a une longue histoire dans l'archipel nippon, pays de pêcheurs où le cétacé a été chassé pendant des siècles. L'industrie baleinière a connu son essor après la Seconde guerre mondiale, pour apporter des protéines animales aux habitants du pays.
Lors de la dernière campagne de quatre mois en 2017/2018 en Antarctique, les pêcheurs japonais ont capturé 333 baleines, dont 122 se trouvaient en période de gestation, ce qui avait été dénoncé de manière très virulente par les ONG.
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