"C'est nouveau que toutes les familles de la presse écrite se réunissent, face à des mastodontes qui ont des services juridiques très puissants", a relevé Pierre Louette, patron du groupe Les Echos - Le Parisien, lors d'un colloque organisé par son entreprise, et qui réunissait des partisans de la réforme.
Se réjouissant de cette unité, "même si cela a pris du temps", le patron du groupe de presse régionale La Dépêche, Jean-Michel Baylet, a appelé la presse écrite à "passer à l'action, car je ne vois pas pourquoi on laisserait piller nos contenus de manière éhontée".
"Nous avons embrassé ces nouvelles technologies en se disant qu'elles allaient régénérer notre métier, mais assez vite nous nous sommes rendus compte qu'il y avait un déséquilibre", a abondé Marc Feuillée, directeur général du groupe Le Figaro.
Même son de cloche dans la presse magazine : "nous avons perdu 70% de nos recettes sur le print (papier, ndlr) et Google et Facebook captent 92% des recettes numériques", a rappelé Claire Léost, qui dirige les magazines grand public de Lagardère Active.
Pascal Ruffenach, patron du groupe Bayard (éditeur du quotidien La Croix et de nombreux magazines pour enfants) a appelé de son côté à construire une "relation équilibrée" avec les géants du Net, dans leur propre intérêt car "quand il n'y aura plus de presse, il n'y aura plus d'argent" pour ces plateformes, les annonceurs risquant de s'en détourner.
Un projet de directive sur le droit d'auteur, au coeur d'une intense bataille de lobbying dans les instances européennes, doit être soumis au vote des eurodéputés mercredi.
Cette réforme conduirait les plateformes à mieux rétribuer les créateurs de contenus (article 13), et créerait un nouveau "droit voisin" pour les éditeurs de presse (article 11), qui permettrait aux journaux ou agences de presse, comme l'AFP, de se faire rémunérer lors de la réutilisation en ligne de leur production.
Deux fronts se sont dégagés: d'un côté les créateurs et la presse, en quête de revenus; de l'autre, une alliance inattendue entre les géants du numérique et les militants d'internet, qui craignent pour la gratuité et la liberté du web.
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