Lui qui n'a été que l'ombre de lui-même pendant deux ans, de son sacre tant convoité à Roland-Garros en 2016 à son renouveau sur le gazon londonien en juin, a tout retrouvé ou presque du temps de sa splendeur : en tête, sa couverture de terrain à faire perdre la tête à ses adversaires, sa force de caractère et son appétit de victoires un temps éteints. A l'image de sa finale face à l'Argentin Juan Martin Del Potro à Flushing Meadows dimanche (6-3, 7-6 (7/4), 6-3).
"Novak couvrait tellement bien le court que c'était difficile pour Juan Martin de savoir quoi faire pour le déborder. Il a ramené tellement de balles impossibles ! Physiquement, il était impeccable", confirme l'entraîneur historique du Serbe, Marian Vajda, avec lequel il a renoué au printemps après une séparation d'un an.
"Il est très rapide, il défend très bien, abonde Del Potro, délogé de la troisième place mondiale par "Djoko". J'étais tout le temps à la limite, à chercher des points gagnants en coup droit, en revers, et je ne pouvais pas parce que Novak était toujours dessus."
"Novak avait vraiment la bonne attitude : il croyait vraiment au fait qu'il pouvait gagner", ajoute Vajda.
Vers le fauteuil de N.1 ?
Depuis Wimbledon, Djokovic, absent six mois du circuit fin 2017 et opéré d'un coude en février, n'a plus perdu qu'un match, à Toronto (au 3e tour contre Tsitsipas). Avant de décrocher son 14e titre en Grand Chelem, il s'est aussi imposé à Cincinnati.
"Si vous m'aviez dit en février, quand j'ai été opéré, que j'allais gagner Wimbledon, l'US Open et Cincinnati, j'aurais eu du mal à y croire", a-t-il reconnu.
Le revirement est tel qu'il conduit à une question : et si c'était lui qui finissait 2018 dans le fauteuil de N.1, pour la cinquième fois (après 2011, 2012, 2014 et 2015) ? A mi-saison, c'était plus qu'une grosse cote. C'est désormais vraisemblable.
A la "Race", le classement établi sur l'année civile, le Serbe de 31 ans a grimpé au deuxième rang lundi, à peine plus de mille points derrière Rafael Nadal (1035 exactement). Soit l'équivalent d'un titre en Masters 1000.
Or Nadal est momentanément hors service, le genou droit une fois de plus en compote. Le Majorquin sera-t-il remis sur pied pour la dernière ligne droite de la saison ? L'avant-dernier Masters 1000 de l'année, à Shanghai, débute dans un mois.
Roger Federer, lui, avait entamé la saison en fanfare en conservant le trophée à l'Open d'Australie pour coiffer sa vingtième couronne en Grand Chelem. Mais depuis, il a - fait inhabituel - coincé dans les grands rendez-vous. Plus inquiétant, il y a laissé filer des matches sur lesquels il avait la main.
La nouvelle vague encore tendre
A Wimbledon, le Suisse s'est procuré une balle de match dans le troisième set de son quart de finale face au Sud-Africain Kevin Anderson (9e), avant de voir le match lui échapper. Puis à l'US Open, cette fois contre le 55e joueur mondial, le modeste Australien John Millman, il a obtenu deux balles de deux sets à zéro, puis une de troisième manche avant de plier en huitièmes de finale, étouffé par l'humidité ambiante.
Quant à la nouvelle génération, on attend toujours qu'elle perce en Grand Chelem.
A New York, elle a encore déçu, à l'image du N.5 mondial Alexander Zverev, tombé dès le troisième tour, et du Grec Stefanos Tsitsipas (15e), sensation de l'été américain (finale à Toronto), surpris dès le deuxième. Son dernier représentant, le Croate Borna Coric (18e, 21 ans), n'a tenu que jusqu'en huitièmes de finale.
A 21 ans, le jeune Allemand est déjà triple vainqueur en Masters 1000 mais n'a atteint qu'une fois les quarts de finale en tournoi majeur, à Roland-Garros au printemps, et une fois les huitièmes de finale, à Wimbledon il y a un an.
"Ça demande du temps pour faire mieux en Grand Chelem", a plaidé Zverev.
Djokovic ne les a pas attendus. Reste à voir comment il va digérer cette spectaculaire remontée vers les sommets.
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