L'ancienne championne de natation, nommée il y a moins d'une semaine à son poste, est confrontée à une première situation d'urgence.
Vendredi, l'AFP a révélé que dans une lettre de cadrage envoyée le 26 juillet à sa prédécesseure Laura Flessel, Matignon demande au ministère d'"appliquer un schéma d'emplois de moins 1.600 ETP (équivalent temps plein) au cours de la période 2018-2022". Dans le courrier, Matignon compte "sur une transformation du mode de gestion des conseillers techniques sportifs (CTS)", les cadres d'Etat mis à la disposition des fédérations, "et sur la réduction de leur nombre, ainsi que sur une rationalisation des services déconcentrés".
L'annonce, jugée "très brutale" dimanche par la ministre, a mis le feu aux poudres dans un mouvement sportif qui déplore déjà le manque d'investissements de l'Etat dans l'année qui a suivi l'attribution des Jeux olympiques à Paris en 2024, et ce alors que Laura Flessel a fixé un objectif très ambitieux de 80 médailles, le double de Rio-2016.
Réactions positives
Après un rendez-vous lundi matin avec le Premier ministre Edouard Philippe, Roxana Maracineanu a de nouveau cherché à rassurer.
"Aucun des 1600 CTS évoqués dans le document dont vous avez eu connaissance ne perdra son emploi", a-t-elle lancé sur le perron de Matignon. "La lettre plafond, document interne au gouvernement, mentionne uniquement" un "objectif d'évolution dans le cadre de gestion" mais "ne signifie en aucun cas que 1600 postes devraient être supprimés", a insisté Matignon dans un communiqué.
Lundi, Roxana Maracineanu a aussi rencontré le directeur de l'Association des directeurs techniques nationaux (AsDTN), Philippe Bana. Furieux vendredi - il avait dénoncé une "Saint Barthélémy du sport" dans L'Equipe -, il a loué la ministre pour "sa compétence, son énergie et sa hauteur de vue".
Le Comité olympique français (CNOSF) a aussi tenu à "exprimer sa satisfaction" et à "saluer l'action de la nouvelle ministre", dans un communiqué.
Maillons
Peu connus du grand public, les CTS, au nombre de 1600, justement, ont une place particulière dans le système du sport français. Cadres d'Etat, ils sont des maillons essentiels dans la vie des fédérations, à la fois pour le haut niveau, mais aussi pour le développement des pratiques sportives. L'Etat prend en charge leur rémunération, environ 110 millions d'euros par an, en plus des subventions qu'il accorde aux fédérations (environ 80 millions).
Leur statut est l'objet d'un débat récurrent. Récemment, le rapport du comité Action publique 2022 a préconisé "la mise en extinction progressive" de leur "corps", en le compensant par "une subvention aux fédérations les moins dotées pour le recrutement de leurs cadres techniques".
Dans son communiqué, Matignon indique lundi que "leur mode de gestion doit être modernisé, leur rôle au sein des fédérations (...) retravaillé avec le mouvement sportif", et que "leur statut doit être ré-interrogé". Roxana Maracineanu a annoncé une concertation sur le sujet, dont elle rendra les conclusions fin octobre au Premier ministre.
"Nous sommes ouverts", a réagi le patron de l'AsDTN, mais "pas question de décaler ou de déstocker leur prise en charge par les fédérations, qui n'en ont ni les moyens financiers ni l'envie", a mis en garde Philippe Bana.
Enfin, Roxana Maracineanu a aussi annoncé vouloir discuter avec le ministre des Comptes publics Gérald Darmanin de la "gestion des taxes" qui financent le budget des Sports. C'est un autre sujet sensible pour le mouvement sportif, qui accuse l'Etat d'en garder une partie dans son budget général pour faire des économies. Selon la lettre de cadrage de Matignon, le ministère des Sports se verrait allouer 450 millions d'euros de budget dans le projet de loi de finances 2019, soit 30 millions de moins qu'en 2018, où il était déjà en baisse.
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