Entre d'un côté la volonté de "ne pas ajouter de la crise à la crise" selon une source parlementaire, en cas de désaveu de Richard Ferrand, et de l'autre une aspiration à une féminisation accrue aux postes clés, la partie va se jouer à Tours lors du séminaire parlementaire LREM, débuté autour de 09H00 lundi.
Ce rendez-vous de rentrée était prévu de longue date, avant la reprise des travaux à l'Assemblée en milieu de semaine.
Du fait de la majorité absolue LREM - 312 députés sur 577, sans compter les alliés MoDem - le candidat investi lundi est est d'être élu président mercredi par l'ensemble des députés.
Richard Ferrand, patron du groupe majoritaire et très proche d'Emmanuel Macron, tient la corde.
"Je vous demande un vote de confiance au nom d'une certaine idée de la fidélité et de la constance", a-t-il déclaré lundi en défendant sa candidature devant les députés, selon plusieurs participants.
Mais l'affaire des Mutuelles de Bretagne, qui l'avait contraint à quitter le gouvernement dès le début du quinquennat, pèse encore comme une épée de Damoclès. "Le +nouveau monde+, c'est une tête nouvelle qui n'est pas entachée par la suspicion", a fait valoir dimanche le numéro deux de LR, Jean Leonetti.
Sur les rangs, l'ancienne secrétaire d'État sous Hollande et actuelle présidente de la commission du Développement durable de l'Assemblée, Barbara Pompili (ex-EELV), défend le "signal fort" que serait l'accession d'une femme au perchoir, pour la première fois - c'était déjà un enjeu en juin 2017. Elle a récolté des soutiens en nombre croissant ces derniers jours, dans le sillage du député Matthieu Orphelin, un proche de Nicolas Hulot.
"Je représente exactement le message que portait Emmanuel Macron pendant sa campagne: un message d'audace, de renversement des codes, un message appelant à casser le plafond de verre pour les femmes. Je suis dans cette ligne et je la porte avec grande fierté", a-t-elle déclaré lundi matin devant la presse à Tours.
"Loin d'être des godillots"
L'autre candidate, l'élue de l'Isère Cendra Motin, qui a été quelques mois vice-présidente de l'institution, plaide pour sa part en faveur du "renouveau" - un tacle à ses concurrents qui étaient déjà députés dans la précédente législature.
"Nous prouvons, grâce à cette élection, que nous sommes loin d'être les godillots que certains décrivent sans arrêt", a-t-elle ajouté lundi sur franceinfo.
Enfin, le député du Tarn Philippe Folliot (ex-UDI) se représente comme l'an dernier. Il a souligné à son arrivée à Tours qu'"en politique, rien n'est jamais acquis".
La présidente de la commission des Lois, Yaël Braun-Pivet, a retiré jeudi sa candidature, se ralliant à Richard Ferrand, ce qui n'a fait qu'accroître l'impression que les jeux étaient faits.
L'exécutif ne s'est pas prononcé officiellement en faveur de l'un ou l'une, mais nombre de députés ont en tête qu'un échec du chef de file du groupe pourrait être "perçu comme un affront à Emmanuel Macron", selon une source dans la majorité.
"Les parlementaires sont des gens libres" et "feront le bon choix", voulait croire dimanche le porte-parole du gouvernement Benjamin Griveaux.
Le décompte des voix sera scruté à la loupe, lors des résultats du premier tour en fin de matinée et - si aucun candidat n'atteint les 50% - du second qui prendra la forme d'un duel dans l'après-midi.
Une autre bataille pourrait être lancée aussitôt après, celle de la tête du groupe LREM que pourrait laisser vacante M. Ferrand, pour laquelle "une inflation de candidatures" est attendue, de sources parlementaires.
"Si Richard Ferrand s'en va, qui tiendra le groupe ?", un collectif encore jeune et "animé de mouvements centrifuges", qui pourraient apparaître au grand jour lors de l'examen du budget à l'automne, s'interroge-t-on dans la majorité.
"Si c'est Richard Ferrand qui est élu (..) je proposerai que ce soit une femme qui prenne la direction de notre groupe", a pour sa part lancé sur RFI le député Jean-Jacques Bridey, résumant une ligne partagée par beaucoup.
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