A 06H20, les forces de l'ordre sont intervenues pour repousser à l'aide de leurs boucliers et de gaz lacrymogènes une centaine de manifestants massés aux abords de cette ZAD (zone à défendre) jusqu'à l'entrée du village de Kolbsheim, quelques centaines de mètres plus loin, a constaté un journaliste de l'AFP.
Les gendarmes se sont attaqués avec des tronçonneuses aux barricades de fortune, faites de bois et de pneus, que les zadistes avaient érigées sur la route départementale 93 survolée sans discontinuer par un hélicoptère.
Un gendarme a également utilisé un coupe-boulon pour sectionner la chaîne qui liait une zadiste à un arbre tandis que des dizaines d'autres membres des forces de l'ordre se tenaient prêts à intervenir, aux abords d'un moulin où se sont barricadés des manifestants.
Le préfet de la région Grand Est Jean-Luc Marx avait donné fin août son feu vert définitif à la construction par une filiale du groupe Vinci et la Sanef de ce contournement autoroutier de 24 kilomètres, à l'ouest de Strasbourg.
Comme ils l'avaient prévu en cas d'intervention des forces de l'ordre, les zadistes qui montaient la garde et le pasteur de Kolbsheim ont sonné le tocsin à l'arrivée des gendarmes, peu après 05H00.
"Dispersez-vous", ont lancé ces derniers à l'aide de porte-voix. "Résistance", ont scandé les manifestants en retour.
Dany Karcher, le maire de Kolbsheim, commune sur laquelle la ZAD était installée depuis près d'un an, et plusieurs autres élus ont alors entamé des discussions avec la gendarmerie et le secrétaire général de la préfecture du Bas-Rhin, Yves Séguy.
"La résistance est là"
"Tout ce que nous demandons, a minima, c'est qu'on reporte les éventuels travaux", le temps que tous les recours judiciaires aient été jugés, a souligné Dany Karcher. "La résistance est là", a lancé le maire, fustigeant "la violence, du côté des forces de l'ordre" et l'usage de gaz lacrymogènes contre les élus.
"On met des autoroutes, on détruit la planète, on nous prend tout", a dénoncé Germaine, retraitée de 89 ans, en déambulateur, présente sur la ZAD depuis 05H00 et en première ligne lors de la charge des gendarmes
De retour à Kolbsheim, la vieille dame a lancé : "Oh mon dieu, je suis tellement fatiguée, j'étais devant, ils m'ont gazée, j'ai la poitrine qui me fait mal".
Le grand contournement ouest de Strasbourg (GCO), évoqué dès les années 1970, régulièrement abandonné avant d'être relancé à la fin des années 1990, a pour but de délester l'autoroute A35 en absorbant le trafic du nord au sud de l'Alsace.
Les détracteurs du projet soulignent qu'il entraînera la consommation de nombreuses terres agricoles et la mise en danger d'espèces protégées, dont le grand hamster d'Alsace.
Plusieurs responsables écologistes, dont l'eurodéputé EELV Yannick Jadot, avaient appelé fin août Nicolas Hulot, encore ministre de la Transition écologique, à s'opposer à ce "grand projet inutile" et dangereux pour l'environnement, comme il s'était "battu contre Notre-Dame-des-Landes".
Les travaux devraient commencer par des opérations de déboisement et de fouilles archéologiques.
Mais à 07H20, les cloches du villages de Kolbsheim continuaient de sonner le tocsin.
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